Ski nordique, pulka, expédition…et ours polaire

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Sébastien royer

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Ski nordique, pulka, expédition…et ours polaire

Les terres polaires fascinent les amateurs de ski-pulka qui trouvent là-haut un terrain idéal pour des expéditions plus ou moins engagées, en autonomie ou accompagnés par des professionnels d’agences spécialisées. Les contraintes de progression et les dangers potentiels sur ces terres extrêmes sont nombreux : banquise, violentes tempêtes, froids extrêmes, glaciers crevassés…  Sur ces territoires une autre contrainte de taille s’ajoute : la présence d’ours polaires.

Les terres polaires fascinent, et particulièrement les amateurs de ski-pulka qui trouvent là-haut un terrain idéal pour des expéditions plus ou moins engagées, en autonomie ou accompagnés par des professionnels d’agences spécialisées.

Les contraintes de progression et les dangers potentiels sur ces terres extrêmes sont nombreux : banquise, violentes tempêtes, froids extrêmes, glaciers crevassés…  Sur des territoires comme la Terre de Baffin, le Nord du Groenland, l’archipel du Svalbard, une autre contrainte de taille s’ajoute : la présence d’ours polaires.

L’idée n’est pas ici de proposer des techniques ou des conduites à tenir mais plutôt d’apporter des éléments de réflexion pour préparer une expédition, s’équiper en conséquence et évoluer dans les meilleures conditions de sécurité possibles.

Plantigrade URSUS MARITIMUS

Il est admirablement adapté aux contraintes de l’Arctique : un ours polaire peut faire jusqu’à 600 kilos, se déplacer sur une glace de 4 cm sans passer au travers, progresser quelles que soient la météo et la température, manger un phoque par jour, nager 100 km. Il est de plus doté d’un odorat prodigieux : on a vu des ours converger vers une carcasse de baleine dans un rayon de…200 kilomètres !

L’espèce est clairement en déclin et protégée depuis 1976.

Toutefois, la rencontre avec un ours durant une expédition peut être source de problèmes et disons-le clairement, de danger vu le descriptif précédent du carnivore !

_42667.jpgOurs Polaire au Spitzberg

L’ours polaire a une très mauvaise acuité visuelle mais un excellent odorat ; s’il vient à notre rencontre, c’est toujours en remontant les odeurs sous le vent. L’homme ne faisant pas partie de son régime alimentaire, l’ours en question n’est intéressé que par les pâtes de fruits de notre en-cas ou les effluves des restes de reblochon de la tartiflette lyophilisé de la poubelle. D’où l’intérêt réel de porter un soin particulier à l’emballage en zip-loc hermétique de tout ce qui est odorant et en particulier la poubelle (doubles sacs à gravats épais et vérification régulière de son étanchéité…).

Le soir venu, les déchets et la nourriture bien emballés seront stockés à bonne distance des tentes, mais qu’en est-il de l’odeur de poulet au curry qui aura imprégné la tente mess ou l’odeur de pied s’extirpant de la chaussure de ski à l’heure du coucher ? Il est clair qu’un camp « sans odeurs » est impossible. Reste donc à « prévenir » ce qui est en définitive le plus grave : un ours très intéressé qui ferait « le tri » à grand coup de patte (et de griffes conséquentes !) dans nos affaires, nous laissant sans nourriture et pire sans carburant pour les réchauds à -30 degrés loin de toute civilisation…

Nous pourrions donc retenir « qu’un ours vu de loin n’est à priori pas un problème » car celui-ci nous laisse le temps pour nous organiser et laisser une bonne distance de sécurité.

Par beau temps, je me rappelle d’une famille ours décidée à nous rendre visite qui a rapidement changé de cap face à notre rangée de vestes aux couleurs vives agitant leurs bâtons au-dessus de la tête tout en soufflant dans leurs sifflets de survie. Ou encore ce gros mâle hésitant à se rapprocher malgré les aboiements de nos chiens mais que le bruit de 2 popotes frappés l’une contre l’autre fit détaler…

Par faible visibilité, comme dans le « white out », le problème se corse et mise à part une vigilance extrême et la disponibilité immédiate d’un sifflet, le risque de rencontre « brutale » est plus probable et rappelons qu’en cas de blizzard, un ours ne se met pas à l’abri !

La nuit venue, seul le tour de garde et la présence éveillée à tour de rôle d’un membre de l’expédition semblent être la bonne solution si l’on ne veut pas être surpris. Cependant à 8 personnes et 1 heure de garde par nuit, le repos indispensable à la progression efficace (et en sécurité !) à long terme en milieu polaire est suffisant mais qu’en est-il pour une équipe de 2 ? Certes, il existe le système de fil encerclant le camp, tendu à hauteur de genoux, relié à des piquets et noués a la goupille de petites grenades…mais si celui se déclenche par chance (il est rare que celui-ci reste en tension toute la nuit à moins d’utiliser un type de piquet et un type de fil particulier…), cela signifie que l’ours est déjà dans le camp ! Et l’on ne compte plus les déclenchements par un équipier pris d’un besoin pressant en pleine nuit…Mais au fait avez-vous suffisamment de grenade de rechange ?

Reste que cet animal est un super prédateur et il est donc impossible de savoir comment il peut réagir : excité par la nourriture ou réaction de défense face aux intrus que nous sommes, une « attaque » est forcément à envisager et donc la question de disposer  d’une arme pour se défendre en ultime recours..

La question de l’arme pourrait occuper plusieurs pages de considérations techniques et de réflexion. Indéniablement, celle-ci provoque des montées de testostérone et de virilité (enfouie ?!) chez certains, preuve en est les quelques films « d’explorateurs » où la carabine semble être la vedette…

_42665.jpgUn skieur sur les traces de l'ours au Svalbard

 

Le voyageur polaire devrait plutôt se poser les bonnes questions : quelle arme choisir ? Fusil à pompe, carabine semi-automatique, pistolet de calibre 44 Magnum ? La carabine de type MAUSER 98K et ses 4 kilos est-elle adaptée à mon gabarit ? De quel type de munition je dispose et en ai-je suffisamment ? Me suis-je suffisamment entrainé ? Puis-je tirer en situation de stress ? Puis-je-appuyer précisément sur la gâchette avec des sous-gants ? Mon arme est-elle chargée ou approvisionnée ? A quelle distance suis-je précis ? Le canon de mon arme est-il libre de neige et de glace (danger mortel !) ? Mon arme est-elle disponible ou au fond de la pulka ? Et bien sûr : à quel moment se servir de l’arme ? Suis-je véritablement en danger ou seulement stressé ? Suis-je prêt à tirer pour tuer ? …Pourquoi ai-je une arme ?

Si vous allez en Terre de Baffin, les armes sont interdites dans l’enceinte du Parc mais sur certains itinéraires, il faut traverser une nurserie d’ours polaires. Au Svalbard, une arme à feu est obligatoire en dehors de la ville !

Quelques accidents arrivent chaque année, doit-on le déplorer ?

Vous l’aurez compris, à chaque expédition, à chaque terrain, une réflexion très approfondie est indispensable pour évoluer en sécurité sur des terrains fabuleux mais où ne sommes pas invités. L’ours polaire est chez lui, parfaitement adapté à son milieu…

Connaissance, expérience, prudence, humilité sont les bases essentielles pour construire, organiser et diriger une expédition.

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