Quand Ambel est en conditions... France > Vercors / Pionnier – Tubanet - Ambel

Ångström

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Départ au carrefour de la D199, fermée l'hiver. L'équipement dégage le virage où l'on peut se garer tant qu'ils ne déneigent pas. Autre solution à trouver lors de chutes et de phases de déneigement.

Durée : 2 à 4 jours

Distance : 40,0 km

Difficulté : Moyenne

Altitude de départ : 1089m

Altitude d'arrivée : 1089m

Dénivelée : +1360m -1360m

Altitude de chaussage: 1089m

Point le plus haut : 1506m

Pulka : accessible

Avec les chutes de neige de la semaine passée et un bulletin météo ensoleillé, c'était le vrai démarrage de la saison.

Un week-end exceptionnel dans ce stade somptueux que sont le plateau d'Ambel et les forêts qui le bordent pour le Ski de Rando Nordique. Approche avec pullka en prévision de la nuit au refuge de Tubianet avec fondue le samedi soir, et deux belles boucles à partir du refuge; samedi par les crêtes Est jusqu'à la tête de la Dame et dimanche, en sens inverse, par la ferme d'Ambel et remontée vers le plateau.

Du monde dans les refuges (ils étaient pleins) mais bizarrement, nous n'avons vu qu'un seul skieur en SRN (mais on a vu des traces, notamment de pullka). La majorité en raquettes (très souvent restées accrochées au sac à dos), quelques personnes en rando alpine.

Télécharger la trace GPX

L'évolution du climat nous force à changer notre manière de pratiquer le SRN, tant les zones les plus propices à sa pratique sont exposées à des variations brutales et délétères des conditions nivologiques. Il est désormais difficile de planifier des sorties, d'autant plus lorsqu'elles dépassent la journée.

Avec les chutes de neige prévues plusieurs jours à l'avance la semaine dernière remplacées ensuite par le beau temps, le week-end s'annonçait parfait en Vercors drômois, le plus accessible depuis Montpellier; encore plus si on pouvait partir dès le jeudi ou vendredi (pas mon cas). On a donc rapidement monté ce petit projet, fait signe à Pat et Sylvie qui nous on rejoints depuis la Lozère. Ma douce ayant des soucis de vertèbres, il ne lui est plus possible de partir avec un sac à dos chargé. Il fallait donc partir avec une pulka. Problème: n'ayant aucun loueur par chez nous, j'avais depuis quelques temps l'idée de m'en faire une à partir d'une luge pour nous éviter la contrainte de passer par un loueur de station. C'est donc ce que j'ai fait, sur la base de la luge adulte TRILUGIK de DKT. Consultation de ce forum sur les système "DIY" pour traction, bidouillage avec ce que j'ai dans ma cave; en 2h vendredi matin j'ai rassemblé tubes PVC, cordelette et mousquetons pour transformer ma luge  achetée lundi en pullka minimaliste en état de servir ce week-end. Dès vendredi soir, après le boulot, on prend la route pour retrouver Pat et Sylvie dans un Airbnb près de St Jean en Royans, histoire de pouvoir démarrer pas trop tard samedi matin.

J1 Samedi

C'est finalement peu avant 10h qu'on se met réellement en mouvement (à cause des petits tracas liés au bricolage de dernière minute) en remontant la pente légère de la D199 non déneigée. Je craignais la monotonie de la remontée de cette route trop large à mon goût. Un manque d'intimité qui m'ôte généralement une partie du plaisir, à skis ou à vélo. Finalement, l'atmosphère était tellement magique avec les arbres givrés étincelants dès que le soleil est apparu, la neige fraîche et froide qui nous porte en silence, qu'on n'a pas réellement vu le temps passer.

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Au carrefour de la carrière, après 3,5 km, nous quittons la départementale pour rejoindre la route forestière de Malatra. Le charme monte d'un cran.

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La progression se fait désormais sur une route globalement plate. Nous quittons la forêt domaniale de Lente pour rentrer dans le domaine et la forêt d'Ambel, propriété du département de la Drôme, magnifique hétraie très bien entretenue. Depuis le départ la trace était faite donc nous progressons à un rythme suffisant pour arriver juste après midi aux portes du plateau, comme nous l'avions souhaité.

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Attirés par la vastitude blanche, lumineuse et ondulante de l'estive d'Ambel, Pat nous guide jusqu'à une petite corniche parfaite qu'il a choisie pour un pique-nique en immersion dans le paysage rêvé, fantasmé même, de ce plateau dont le souvenir de la découverte, il y a près de 40 ans, ne s'est jamais dissipé. Je n'y étais revenu qu'une fois, avec Catherine, pour un week-end avec bivouac; mais en été. Nous y sommes de retour dans des conditions parfaites.

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Contrairement à ma première visite, aucun vent ne nous glace. Bien installés face aux rebondissements du paysage, à peine protégés d'une petite brise thermique intermittente par une couche supplémentaire de vêtements, nous ne pouvons pas ne pas évoquer entre nous quatre le contraste avec le pique-nique d'il y a exactement 1 an, lorsque nous expédions notre casse-croûte blottis derrière une ruine de buron sensé nous abriter de la tourmente de l'Aubrac.

Mais trêve de souvenirs, nous sommes impatients de skier. Nous retournons brièvement sur nos pas pour redescendre sur le refuge de Tubanet pour y déposer nos affaires dans le dortoir. Il est prudent de marquer notre présence car compte tenu du beau temps, nous anticipons du monde au refuge ce soir. Nous repartons sans traîner, légers et impatients d'aller passer à d'autres plaisirs sur les belles pentes du plateau.

Nous n'hésitons pas à rejoindre la crête au plus vite : la vue sur Le Veymont, Glandasse, l'Obiou et le Dois dont les vallées nous sont cachées par une mer de nuage est époustouflante.

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Sur notre droite, le plateau se découvre encore plus. Ça n'est pas la haute montagne mais comme dans le grand Nord, on se trouve saisi par une telle immensité blanche, les jeux d'ombres et de lumières.

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La crête longée jusqu'au pied de la Tête de la Dame est loin d'être plate. On se fait plaisir dans les descentes. La montée pour rejoindre la Tête de la Dame est plus sérieuse. Sylvie doit peauter car ses écailles sont totalement usées mais nous autres pouvons grimper sans peaux. La pente est trop belle pour n'y faire que monter. Pat et moi redescendons en signant dans la neige de belles arabesques. Jouissif.

Ce samedi, les pentes du plateau étaient parfaites à condition de trouver les combes où elle s'était accumulée un peu, histoire de ne pas être perturbé par les touffes d'herbes qui dépassent, omniprésentes sur le plateau et bien prises dans la glace. Une neige tellement facile à skier qu'on en vient à se trouver bon pour dessiner de si belles traces, aussi bien en télémark qu'en christiania, y compris avec des skis de 2m et 63 en spatules !

Alors que nous sommes en route pour revenir au refuge, Pat m'attend et m'interpelle: "tu penses comme moi?" En effet, je pense comme lui. On ne peut s'empêcher de faire une dernière montée tous les deux, histoire d'enchaîner une dernière descente. On remonte vers la crête dans la lumière progressivement orangée du coucher de soleil qui magnifie le paysage.

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En bas, les filles progressent vers le refuge et leurs silhouettes microscopiques humanisent le paysage grandiose.

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Le soleil éteint ses dernières rougeurs laissant désormais le bleu seul teinter le plateau jusqu'au prochain matin.

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En arrivant au refuge, c'est un peu le choc, même si on avait prévu : il est plein. Heureusement qu'on avait laissé nos affaires sur les couchages. C'est la salle commune qui fait petite pour les 22 personnes présentes. Finalement, tout se passera bien. On partage une table avec des gens très sympas. Ils sont intrigués par notre équipement. Je leur explique le SRN et Pat leur détaille sa pulka maison. Ils sont admiratifs (comme nous du reste). Eux ont loué des raquettes. Peu emballés par la marche avec celles-ci, ils se rendent rapidement compte qu'ils auraient dû faire comme nous et choisir les "skis nordiques" plutôt que les raquettes. Ils s'en souviendront pour la prochaine fois.

Venu avec la pulka qui permet d'embarquer plus de matériel, on s'est prévu une bonne bouffe, histoire de passer une soirée aussi mémorable que la journée. Apéro vin de noix et excellentes pistaches de Sylvie et Pat pour commencer ; fondue savoyarde pour nous (casserole émaillée apportée et portée dans la pulka de Pat). Enfin, délicieux crumble de Sylvie. Au final, la soirée fut excellente, avec plusieurs groupes, tous très sympas. Il a fallu faire pas mal d'A/R dehors pour approvisionner la neige à faire fondre car ici, il n'y a pas d'eau. C'est l'inconvénient à Tubanet. Quant à la nuit, dans un refuge au complet, sans les boules Quiès oubliées dans la voiture ... 🙄

J2 Dimanche

Le lendemain matin vers 8h, le jour et les randonneurs se lèvent progressivement. Le temps a changé pendant la nuit, comme les nuages vus au Sud hier soir le laissaient présager ; le ciel s'est chargé de nébulosité. Notre équipe se retrouve pour le petit dej. Sous nos yeux le ciel que nous voyons par la fenêtre passe au fuchsia.

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Ambiance féérique pour une journée qui s'annonce différente de celle d'hier mais tout aussi passionnante. Au programme, une nouvelle scission en 2 parties de la journée mais inversées : matinée sans pulka à faire une boucle vers le refuge d'Ambel puis une remontée pour rejoindre la frontière Sud du plateau vers la Tête de la Dame avant de revenir au refuge pour récupérer les pulkas et parcourir les 8 kilomètres qui nous séparent de nos voitures.

La descente depuis Tubanet dans la forêt sous le refuge est excellentissime. C'est une forêt bien exploitée, aérée, sans bois au sol qui permet de skier facilement entre les arbres. Certes, la neige tombée des branches qui a regelé alterne avec la poudreuse des section ouvertes et oblige à la vigilance. Mais le plaisir du SRN est à son comble.

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Veillant à ne pas se laisser griser par les descentes au point de s'enfoncer trop bas, on ressort du bois pour revenir à découvert en bord de plateau, suivant le GR jusqu'au refuge d'Ambel.

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Des pentes douces, à peine suffisantes, nous offrent tout de même l'occasion de pratiquer quelques génuflexions.

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Dans la descente du gr93 vers la ferme d'Ambel, gelée par la neige tombée des arbres, je me prends une sacrée gamelle en avant. Je tente de me relever promptement mais une douleur à la cuisse droite me force à y aller mollo : élongation de l'ischio-jambier droit mais j'ai évité la déchirure musculaire. Je constaterai bien plus tard aussi une bonne éraflure au bras gauche qui a ripé sur la neige gelée. Je peux cependant repartir, mais piano ; fini la godille pour aujourd'hui. Arrêt au refuge d'Ambel où on fait un rapide repérage dans la perspective d'une future randonnée par-ici.

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Les occupants encore présents nous confirment que lui aussi était complet pour la nuit. Une fontaine juste derrière le bâtiment permet de s'approvisionner en eau même en hiver.

Après cette petite pause, on reprend la montée vers la Tête de la Dame, sans aller jusqu'au sommet cette-fois-ci.

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Une étrange touffe sombre dans la neige nous intrigue : les reliefs d'un bon repas de loups qui, manifestement, apprécient le secteur et la pauvre biche dont il ne reste que des os et quelques poils...

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Inutile de grimper trop haut. Avec ma blessure, je n'envisage pas de descente où je serais susceptible de chuter à nouveau. De toutes façons le redoux ramène la température de la neige en surface au-dessus de 0°C. La poudreuse légère d'hier devient plus lourde. Comme il fallait s'y attendre, selon l'exposition, nous bottons. Ça se joue à un rien de degré et évidemment, j'ai oublié de prendre mon applicateur de fart liquide. On trouve quand même de bonnes dernières pentes douces pour se faire plaisir avant le pique-nique, presque au même endroit qu'hier et le retour au refuge pour reprendre nos pulkas.

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Peu motivés à l'idée de retourner par le même itinéraire qu'à l'aller et intéressé de tester l'usage de la pulka par un cheminement en neige non tracée à travers bois, nous quittons Tubanet par un sentier non balisé pas toujours facile à visualiser sur le terrain. L'orientation et le choix du cheminement se fait à l'instinct autant qu'au GPS. Très sympa.

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Avec plus de temps, on aurait pu continuer de la sorte jusqu'à la D199 mais nous avons promis d'être de retour à Montpellier à 19h donc nous mettons le cap sur la route forestière de Malatra que nous rejoignons après 2 km de "ski sauvage". Reste à rejoindre notre point de départ et contrairement à l'aller, cette fois-ci nous sommes bien contents d'arriver : les derniers 6 kilomètres ne sont pas passionnants ; ils nous ont parus longs alors que nous glissions bien plus vite puisqu'en descente et donc qu'on y aura passé moins de temps qu'à la montée.

Un week-end génial se terminait pour nous quatre. Heureux d'avoir vécu une telle abondance de beaux paysages, de sensations sportives, de convivialité et d'amitié. La fondue en refuge, certes ça pèse un peu dans la pulka mais c'est un détail vite oublié quand on pense à la convivialité qu'elle favorise et à l'ambiance de la soirée passée au refuge. Quelle chance aussi de trouver de tels refuges gratuits dans nos montagnes ! Vive le SRN!

Notre retour d'expérience

L'approche d'Ambel est longue, ce qui limite les possibilités d'en profiter quand on prévoit une sortie à la journée. Y passer une nuit en bivouac ou en refuge comme nous l'avons fait est la solution idéale. La progression facile en pulka, même bricolée permet d'alléger le sac; combinée à des explorations en mode "léger", que ce soit sur le plateau ou en forêt ; des pentes parfaites pour des skieurs débutants à moyens ; 3 refuges proches entièrement rénovés avec poêle et bois fournis, l'expérience nordique est totale. Le plateau d'Ambel est de fait l'un des meilleurs spots que j'ai pratiqués pour la découverte et la pratique du SRN de France. Il est accessible à tous les publics motivés.

Encore faut-il qu'Ambel soit en conditions ... 😉

 

 

Météo

Conditions idéales. Ciel bleu le samedi, partiellement couvert le dimanche. Températures négatives le samedi, autour de 0°C le dimanche.

Condition de neige

Excellentes le samedi. Couche tassée en dessous recouverte de 8 à 10 cm de neige poudreuse.

Bonnes le dimanche matin, devenant un peu plus lourdes le midi. Température autour de 0°C donc tendance à botter selon exposition.

Activité avalancheuse observée

RAS

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