10 jours sur Hardengervidda Norvège > Norvège du Sud > Hardangervidda

xtofpol

xtofpol

  • 2 topos
  • 14 sorties
  • 0 test
  • 0 avis
  • 0 actualité
  • author: xtofpol

Durée : Plus de 4 jours

Distance : 170,0 km

Difficulté : Moyenne

Pulka : accessible

 

Imaginez un plateau perché entre 1000 et 1700m d'altitude; un plateau plus grand qu'un département; un plateau balayé par les vents de l'Atlantique Nord; un plateau où Admunsen fit ses premiers pas d'explorateur polaire. Bienvenu sur Hardengervidda!

L'itinéraire classique est la traversée Nord-Sud (ou l'inverse) de Finse à Haukaliseter en 6 jours (voir une description de l'itinéraire). Après un premier contact avec le plateau lors d'un bref séjour en 2010 à Finse, les quelques jours dans la cabine d'amis à Haugastol au printemps 2015 (voir la vidéo) n'ont fait qu'aiguiser mon envie d'y revenir pour un longue itinérance avec pulka en autonomie. Partant seul, j'opte pour une boucle qui m'offre plus de souplesse selon les conditions météos rencontrées Le vendredi 24 mars, après une véritable épopée pour m'approvisionner en combustible (Bergen fait ville morte plusieurs jours avant et après le week-end de Pâques), je démarre de Finse pour 9 jours de ski, 5 bivouacs et 3 jours en dur, 170km... et du vent, beaucoup de vent, si possible de face. Les températures, un peu trop douces (parfois positives), rendent la neige lourde et collante surtout en début de parcours. Une immersion dans un univers blanc, horizontal où le silence alterne avec les grondements assourdissant des vents, où le temps s'étire au delà des limites du plateau. Un bout de rêve qui en suscite d'autres...

J1. Finse - Lac de Midnutevatnet (10km). Au programme, une demi-étape pour aller poser un premier bivouac vers le col qui sépare Finse de Kraekkja. La neige lourde et un peu collante permet d'avaler les 200m de dénivelé sans les peaux. Mais la faitgue, que je met sur le compte du voyage, se fait ressentir. Petit à petit, en s'éloignant de Finse, je quite le ballet des kytes et croisent de moins en moins de skieurs. Premiers lacs gelés, quelques restes de bivouacs, des boules de granite figées par le givre... l'immersion commence.

P3252221.jpgVers Midnutevatnet

J2. Lac de Midnutevatnet - Kraekkja - Haugastol (25km). L'étape, plutôt descendante promet un journée longue mais facile. C'était sans compter acec le vent de face jusque Kraekkja allié à une neige collante. Même dans les pentes je pousse sur les batôns. Passée la bifurcation vers Kjedebu, le vent se renforce. En débouchant sur le lac de Drageidfjorden au dessus du refuge de Kraekkja, je suis même déséquilibré par des rafales. Le temps se dégage, mais la neige souflée limite parfois la visibilité à 2 voir 1 piquet. Cette matinée laisse imaginer ce que peuvent être les conditions sur le plateau. Un petit avertissement en guise de bienvenue... mais en échange, les lumnières sont envoûtantes.

Refuge de Kraekkja

L'après-midi sera plus simple avec un vent dans le dos et la promesse de manger et dormir au chaud au coin du feu dans la cabine des amis à Haugastol. Avec des conditions comme aujourd'hui, des étapes de 25 à 30km ne seront pas raisonnables. Après un bon thé, le séchage du matériel et un brin de toilette avec l'eau du lac, je me pause sur les cartes pour adapter le parcours initial.

P3262263.jpg

J3. Haugastol - Tuva - Strove Gronenuten (17km). L'objectif de la journée est de rejoindre le refuge de Tuva puis de s'enfonce plein Sud sur le plateau. C'est aujourd'hui que je rentre dans le vif du sujet et c'est très rassurant de partir à l'assaut de plateau par un itinéraire connu, celui que nous avions parcouru l'an dernier pour passer une nuit au refuge de Tuva (que je recommande vivement). Je retrouve des points de repère et un relief qui m'a l'air familier: traversée du lac, ascension en direction de Berthellerjone avant de tirer plien Est vers Tuva. J'y fais une pause goûter (chocolat chaud et gaufre maison) le temps de retrouver les hôtes si chaleureux du refurge. Je m'arrache de ce cocon douillet pour une heure supplémentaire de ski par une lumière rasante incroyable. Le bivouac installé près de Strove Gronenuten, je profite un thé chaud à la main du coucher de soleil à l'abri de ma tente. Précieux moment de solitude.

P3272300.jpg

J4. Strove Gronenuten - Rauhelleren (19km). L'ambiance au réveil est tout autre. Le mauvais temps annoncé se prépare. Passé le col de Gronenuten, le ven d'Est-Sud-Est grondera en permanence. Il fait encore chaud aujourd'hui, la neige humide à l'horizontal fouette le visage. La visibilité dépasse rarement les 100m. Immersion dans le grand blanc, Se focaliser sur le prochain pas, le prochain Klisveruter (piquet enfoncé dans la neige qui balise les routes hivernales). Immersion dans l'instant présent. J'espèrais une pause au chaud au refuge d'Heinseiter mais il est fermé. Coup au moral. Après avoir cassé la graine à l'abri du vent, je repars en même temps que 4 kyteurs. Ils me déposent sur place. Trois heures plus tard, je crois être arrivé près du refuge lorsque j'aperçois l'une de leur voile. Il reste encore 3 km. En fait, l'un deux a perdu un ski qu'ils ne retrouveront pas dans la neige fraîche et le brouillard.

P3282315.jpg

J5. Rauhelleren - Sandhaug (21.5km). Le parcours s'enfonce encore d'avantage dans le plateau direction Sud-Est. Ce sont des journées comme celles-ci que l'on vient chercher: un ciel qui s'ouvre sous l'effet du vent, des paysages qui se dévoilent, le plateau se révèle dans toutes ses dimensions. Aujourd'hui, c'est l'immensité des espaces qui procure un sentiment d'isolement profond.

P3292331.jpg

En milieu d'après-midi avant d'installer le bivouac, je cherche une bifurcation avec une route qui part vers le refuge de Stigstu vers le Nord. Il ne faut pas se fier aux indications des cartes pour ces routes hivernales. Je la trouverai de l'autre côté d'une montagne à plus de 30 minutes de ski de l'endroit indiqué par la carte. Le plateau enneigé ne présente presque pas de contrainte pour ouvrir ces routes. Les itinéraires dépendent sans doute de l'humeur de l'ouvreur. Tant qu'on les suit, il n'y a aura pas de problème. Un fil d'ariane bien rassurant.

P3292357.jpg

J6. Sandhaug - Andersosen (19,5km). La traversée du lac Nordmannslagen d'Est en Ouest par une journée de printemps est encore une expérience différente des grands espaces. Le vent a laissé place à un calme qui fige encore plus les payages, les lumnières stables immobilisent les reliefs. La progression se cale sur la course du soleil. Je croise la seule trace du vie sauvage de la semaine à la sortie du lac: des empruntes de renards. Je me sens un peu moins seul.

P3302379.jpg

En me rappochant du refuge d'Hadlaskard, je découvre le fameux mont Harteigen qui s'élève à plus de 400m au dessus du plateau alentour. Je biffurque vers le Nord sur la route de Dyranut avant d'installer mon bivouac en gardant Harteigen en vue. 

P3302408.jpg

J7. Andersosen - Dyranut (22.5km). Cette journée est très bien résumé par le passage suivant du livre "Boréales" de Paul-Emile Victor, carnet de bord de son hivernage au Groënland:

« Le Nekrayak, vent du Nord-Est, est mâle. 

Le Pittarak, vent du Nord-Ouest, est sa femme.

Le Kadannek, vent du Sud-Est, est leur fils.

Et le Pouwanguartek, vent du Sud-Ouest, leur fille.

Quand le Kadannek souffle, on dit qu’il va à la rencontre de sa mère. Autrefois, quand le Nekrayak soufflait trop longtemps, une vieille femme allait se coucher nue, dehors, pour l’apaiser. Quand le Pittarak soufflait, c’était un vieil homme qui sortait. »

Visiblement, les stocks de vieux (ou vielles) Norvégien(ne)s devaient être épuisés pour ce printemps. Nouvelle journée "sans sol, ni ciel". Avec vent de dos au départ, qui tournera Nord au fur et à mesure que mon chemin s'oriente vers... le Nord aussi. Après une journée qui se termine vent de face, une pause au refuge de Dyranut s'impose. Les fumets de boeuf en sauce préparés par le cuisinier auront raison de ma motivation d'aller poser le bivouac vers Kjeldebu.

P3312426.jpg

J8. Dyranut - Kjeldebu - Kraekkja (23km). Je quitte le plateau pour retrouver les contreforts du glacier Hardengerjokulen et lacs en fond de vallée. Grand bleu ce matin, neige froide et légère brise. Je profite à plein des descentes vers Kjedebu. Il y avait foule hier soir au refuge, je croise plusieurs groupes de skieurs qui le quitte. L'après-midi, le ciel se voile et les lumières grises se mélangent aux courbes des montagnes enneigées. Ce soir sera mon dernier bivouac. Je cherche un spot à l'écart du refuge de Kraekkja en bordure de lac.

P4012449.jpg

 

P4012465.jpg

J9. Kraekkja - Haugastol (13km). Réveil en douceur par la toile de tente qui flotte sous l'effet de la brise légère. Sensation d'être balloté dans une coquille de noix perdu au milieu d'un océan blanc. Invitation à la flânerie... je me lance dans une grasse matinée. Lecture, un peu d'écriture, revue des photos... prolonger périple, le laisser décanter, commencer à le digérer, retarder la fin de l'aventure. 9 jours de ski, 175km parcourus, 5 bivouacs dans des environnements de rêve, des images, des ambiances, des sensations inconnues, des craintes, des émmerveillement, des inquiétudes... et mille tonnes de plaisir brut!

P4012501.jpg

De cette grasse matinée, j'apprendrai qu'il est possible de faire sécher le matériel même par temps humide en prenant le temps. Les 13km, qui me séparent d'Haugastol, ma destination finale, emprunte les lacs, terrain de jeux de nombreux kyteurs en jour de week-end. 16h, arrivée à la cabine des amis. Faire la provision d'eau au lac, allumer un feu, préparer un thé, étendre les affaires humide, étendre le bonhomme sur le canapé et laisser divaguer le regard par la fenêtre au son du feu qui crépite. Deux skieurs installent un bivouac 200m en contrebas de la cabine. Je les envie tant en savourant le confort du chalet. Le prochain bivouac dans la neige sera pour l'hivers prochain.

P4032555.jpg

J10. Haugastol. Journée de décompression avant de rentrer sur Bergen par le train de 16h03. J'en profite pour faire un tour dans le bois de bouleau autour du chalet et essayer de photographier les faisans des neiges, entendus la semaine passée. Quelle ambiance à la gare! J'y retrouve des skieurs rencontrés quelques jours auparavant. Chacun y va de son anecdote. Les yeux brillent. Les discussions invitent à de nouvelles aventures, suggèrent de nouvelles destinations.

P4032562.jpg

Un récit plus complet avec de nombreuses photos est disponible sur lenezaufrais., un avant-goût ci-dessous. Pour la cartographie et la préparation des itinéraires, je conseille vivement le site www.ut.no/kart. Il existe aussi des cartes OSM avec les tracés des routes d'hivers pour GPS Garmin. Pour une première expérience, rester sur les routes balisées est vraiment rassurant. On est sûr de tomber sur des refuges et il est probable de croiser (quelques) personnes (mais il n'y a pas foule quand même). En suivant ces tracés, je n'ai utilisé le GPS seulement pour me faire une idée de ma progression dans les étapes.

Météo

Sur 10 jours, beaucoup de vent, 3 jours de brouillard, 1 jour et demi de grand bleu et tous les jours des belles lumières (grace au vent). Par contre températures trop douces (parfois positives) qui alterent la qualité de la neige.

Condition de neige

Neige de printemps

Activité avalancheuse observée

Aucune trace d'avalanche observée

Discussion autour de ce sujet