La GTV : Fred, Thomas, Christian, 2 pulkas et 1 cubi France > Vercors

Chris69

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Durée : 2 à 4 jours

Difficulté : Moyenne

Pulka : accessible

Depuis le temps qu’on en parlait de cette traversée, depuis le temps que j’en rêvais…j’en avais parcouru quelques portions, j’y avais même passé 2 jours du côté du Glandasse, fait le grand Veymont en raquette à partir de Gresse, à pied en venant de l’ouest et Fred l’avait fait en été mais on rêvait d’aller flâner la haut en hiver en ski et en pulka….

La GTV : Fred, Thomas, Christian, 2 pulkas et 1 cubi
Les Hauts Plateaux du Vercors

Depuis le temps qu’on en parlait de cette traversée, depuis le temps que j’en rêvais…j’en avais parcouru quelques portions, j’y avais même passé 2 jours du côté du Glandasse, fait le grand Veymont en raquette à partir de Gresse, à pied en venant de l’ouest et Fred l’avait fait en été mais on rêvait d’aller flâner la haut en hiver en ski et en pulka…. 4 jours avec Fred et Thomas c’est déjà une petite expédition, très chronophage dans sa préparation pour les béotiens que nous sommes mais cela en valait la peine…

Avant de démarrer il y a le transfert. Il faut s’y rendre à Vallon Combeau et si à pied c’est à 50km de Corrençon, en voiture c’est le double ! Mais alors quelle route et quels paysages ! On descend les vertigineuses et spectaculaires gorges de la Bourne dans une ambiance austère et sombre. Malgré la présence d’un soleil éclatant soulignant les prémisses d’un printemps précoce, l’hiver est encore à l’œuvre à la vue des nombreux stalactites de glaces qui jalonnent la descente, puis on franchit le col du Rousset qu’on redescend par une rampe de 20km et nous voilà quasiment en Provence, en plein été à observer les Vautours fauves qui prennent les ascendants de fin de matinée, avant d’arriver enfin (le taxi est sympa mais c’est pas Fangio) au bout du monde...le fameux Vallon de Combeau.

Le temps d’assembler les pulkas, il faut les charger de tout l’utile et de l’essentiel rien que l’essentiel…la tente, la bouffe, l’eau, les sacs à dos et le cubi de rouge, QUOI ? On a vraiment un cubi de rouge ? Ben oui, la peur de manquer sans doute. Je ne sais pas si on est dans l’esprit SRN mais on est loin de celui du BUL (bivouac ultra léger). Enfin on chausse les fameux Skis de Randonnées Nordique et nous voilà équipés en aventurier façon Mike Horn pour un retour à la nature en priant que ce ne soit pas façon délivrance !

J1 la découverte du SRN : Vallon Combeau – Chaumailloux

Oulah pas super stable les skis, et dixit Thomas il va nous falloir une semaine pour ramener les pulkas à Corrençon ! En tant qu’ainé de l’expé j’ai pas vraiment prévu de tirer une pulka, les deux jeunes qui m’accompagnent (à moins que ce ne soit l’inverse) ont des ambitions de haut vol et veulent se tester, dont acte, ils finiront bien par s’y faire ! La montée sur le plateau est superbe, l’arrivée à la cabane de l’Essaure nous en met déjà plein les mirettes mais loin d’être rassasié et suivant les conseils de Régis maitre es SRN on abandonne les pulkas pour monter au pas de l’Essaure s’éblouir de la vue sur le Triève et le grandiose Mont Aiguille qui trône tel un seigneur.


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Puis, Fred jouant les routeurs nous remet sur les rails pour franchir le pas de la Chèvrerie et redescendre sur la cabane de Chaumailloux pour y passer la nuit. Sauf qu’on se goure un peu dans et qu’on redescend sur la bergerie sans nom.


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 Le soleil se couche et tout en assumant notre absence de sens de l’orientation on remonte un petit vallon pour atteindre la cabane de Chaumailloux alors pleine à craquer. L’avantage c’est qu’il y fait chaud et bonne nouvelle un groupe de raquettiste s’apprête à dormir sous la tente. On défait nos sacs et on fait chauffer le repas en se tenant à distance respectable du réchaud dont Thomas a fait l’acquisition à Oulan Bator ! A l’abri, au chaud, un verre de rouge à la main pour accompagner le souper quoi de mieux pour clore cette très belle journée que la pluie d’étoiles qui nous attend dehors dans un froid glacial pour le rituel immuable pipi, les dents, au lit !

J2 La Pulka j’adore : Chaumailloux – Pré Peyret

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Première chose après le petit dèj, aller chercher de l’eau. Sur les hauts plateaux celle-ci se fait rare fuyant la surface elle se faufile se défile pour disparaitre et pour rejoindre les innombrables réseaux calcaires souterrains. Cependant si toutes sont répertoriées et connues depuis des lustres encore faut-il trouver celle qui nous intéresse aujourd’hui et le Gps précis ne fait pas de miracle, nous ne trouverons pas la source échouant à quelques mètres de celle-ci comme nous l’apprendra par la suite un randonneur. Cela sera sans conséquences aujourd’hui car nous avons encore des réserves. Nous quittons donc la cabane sous un soleil radieux direction plein ouest pour rejoindre le GR91 peu avant les contre forts du Glandasse. Ce massif domine fièrement le Diois avec blotties aux pieds de ses fabuleuses falaises, l’Abbaye de Valcroissant. Nous laissons dans notre dos le Mont Aiguille.

MoietlaPulka

J’ai finalement décidé de m’harnacher et de gouter les joies de la traction de la pulkas, Thomas s’en allant aujourd’hui le ski léger du moins le croit-il. Car les débuts sont difficiles pour certains. Fred par exemple est plein de défauts, si si il est plein de défauts ! Déjà il ronfle ! Le soir au refuge vous avez des amis charmants avec qui causer et miracle le lendemain matin au ptit déj vous retrouvez ces mêmes personnes arborant des valises improbables sous les yeux qui vous tournent le dos ostensiblement et vous ignorent magistralement ! Cependant il faut bien reconnaître qu’avec ou sans pulkas il se débrouille tel un vieux Scandinave né avec des backcountry au pied. Au début ignorant son possible potentiel, on s’est dit s’est les skis ! Alors on a échangé mais sans succès aucun. Ignorant ses probables capacités d’adaptation on a misé sur nos évidentes différences morphologiques. Un physique plus trapu, un centre de gravité plus bas un poids plus… en bref on se morfondait et on se fourvoyait. Il sait faire et pas nous, point barre ! Il passera les 4 jours sans quitter sa pulka et quasiment sans mettre les peaux ! Sondre Norheim sort de ce corps !


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L’étape assez courte ne présente comme difficulté que le passage du col de Pison ou je déchausse dans les passages trop pentus oubliant les peaux de phoques qui nous auraient surement tirées d’affaires. Une ou deux descentes raides et gelées nous obligent également à déchausser par prudence mais j’ai plaisir à glisser sur la neige avec la pulka derrière moi. Assez rapidement on arrive à la cabane de Pré Peyret…pleine comme un œuf ! Ce sont les raquettistes qui font une halte et vont remplir leurs gourdes à la source toute proche avant de monter leur bivouac un peu plus loin. Nous nous joignons à la file d’attente pour remplir nos bouteilles devant une source au débit très lent dans un froid de canard après que le vent se soit mis à souffler en rafales. Je ramasse quelques branches pour le feu et nous rentrons nous mettre au chaud car le temps semble tourner. Une trentaine de personnes passeront devant la cabane dont le groupe de Régis, mais tous s’en iront nous laissant seul au monde. Il est 5 heures du soir et mes compagnons cherchent à tuer le temps. Comme dirait l’autre tuer le temps c’est un peu insulter l’éternité, mais ils sont jeunes et pour tromper l’ennui ils s’acharnent donc à fendre et couper un rondin de bois avec tout ce qui leur tombe sous la main, seul mon piolet sera épargné. Leur imagination sans limite leur permet d’atteindre leur but et en récompense on sort le cubi pour un apéro royal, bercé par le doux ronronnement du poêle. Sous l’effet de la chaleur et du liquide coloré on reconstruit le monde et la société toute entière, on en réécrit les lois, on réinvente l’histoire et loin de la ferveur des villes ces sortes de réserves urbaines peuplées de bipèdes pressés, dans la quiétude de ce lieu perdu au milieu de nulle part les inquiétudes de nos sociétés à bout de souffle semblent ne jamais pouvoir nous rattraper… 

J3 fier comme un coq…de bruyère : Pré Peyret – Jasse de Play

Cette nuit le vent a été violent. Je me demande comme Sylvain Tesson dans ses forêts sibériennes à qui en voulait-il ? Avec qui voulait il en découdre sur ces hauts plateaux ou ne survivent obstinément que les pins à crochets ? La colère du vent a fait son œuvre, son souffle a nettoyé le ciel, épuisé il s’est assagit pour nous offrir au matin un monochrome bleu d’une profondeur insondable, façon Klein.


Nous décollons tardivement sans savoir que cette neige en transformation est une aubaine, facilitant l’accroche de nos skis. Nous alternons entre forêt de pins et plaines dégagées, traversons de superbe paysages, la grande cabane et la Plaine de la Chau, longeons les terres préservées du Tétras face à la stature imposante du Grand Veymont qui semble veiller sur nos pas. Ces grands espaces, cette nature sauvage me font songer à Big Jim (Jim Harrison) à Neil Young aussi. Même si nos espaces sont moins grands, même si nos hivers sont moins froids, même si nos mythes sont moins forts, même si les ours n’existent plus qu’en statues sur la place de Villard, nos rêves sont faits du même tonneau. Le Tetra Lyre souvenir obstiné de la préhistoire enfouit sous la neige attend. Il résiste envers et contre tout depuis des millénaires aux rigueurs de l’hiver, aux activités des hommes, aux loups… loup qui est de retour en maitre des lieux sur ses terres qu’il n’aurait jamais dut quitter, une forme d’espoir en somme. Il est encore tôt quand nous arrivons à la cabane de Jasse de Play qui est déserte et plutôt que de pousser jusqu’à Tiolache nous décidons de rester pour la nuit.


Les randonneurs finissent par arriver de plus en plus nombreux et notre enthousiasme s’estompe quelque peu. La promiscuité nous rappelle des fonctionnements que nous avions oubliés. Certains se précipitent à l’étage pour occuper les places libres, d’autres occupent la table jusqu’au couché sans se préoccuper des autres ni du bois qui pourrait manquer ou du feu sur lequel nous veillons. Assis sur une buche nous préparons notre repas et attendons que tout le monde se couche pour boire un verre tranquillement et sortir quelques minutes observer une voute stellaire d’une incroyable densité, laissant augurer d’une nuit glaciale. Nous ramassons également de la neige pour la faire fondre en prévision de l’étape du lendemain. Nous pouvons râler gentiment du comportement de nos semblables mais nous ne pouvons-nous plaindre de la présence des autres, c’est le jeu des cabanes sur les hauts plateaux et le choix du bivouac nous aurait assuré une solitude certaine…avec le confort en moins.

J4 La route du retour : Jasse de Play – Corrençon

Ce matin nous nous levons plus tôt pour braver le froid. Dans ces conditions les peaux de phoques sont indispensables car la neige est tassée et verglacée. Nous ne les quitterons que peu de temps avant l’arrivée sur Corrençon. Je reprends la Pulka et je lance l’assaut des 18 derniers km qui nous séparent de Corrençon. Je sais que le franchissement du canyon des Erges risque de ne pas être de tout repos.


 A ce propos, j’avais au préalable demandé conseil à Régis sur ce passage et à la question qui cachait mal mon inquiétude « présente t'il une grosse difficulté technique ? » il m’avait répondu non sans humour « Oui, Non, Non, Oui…. », nous verrons bien c’est peut-être pas si terrible.  On laisse sur le gauche la tête des Cogneaux, on passe aux abords de Tiolache du Milieu et on arrive sans difficulté à Tiolache du Haut, il fait désormais assez chaud mais la neige est encore dure et nous devons plonger dans le Canyon des Erges. On hésite, on tergiverse mais Thomas est décidé à poursuivre sans les prothèses instables qui menacent son équilibre. C’est décidé nous déchaussons ! Bien nous en pris ! Dans le canyon étroit la neige est tassée souvent verglacée et nous croisons du monde qui le remonte. Je me demande si des skieurs ont osé ou oseront le descendre spatules aux pieds sans risquer de percuter ceux qui viennent d’en face. La trace unique se faufile entre les arbres, nous la suivons en courant et plein d’enthousiasme rechaussons les skis sans les peaux dès la première clairière. Sauf que ça descend toujours et la neige est encore très dure, je joue les funambules, la pulka me pousse vers l’avant je tente de garder l’équilibre mais je finis par me prendre une grosse boite ! Je me relève tant bien que mal, le bonnet de travers, la main ensanglantée griffée par la glace avec un bâton cassé ! Un moindre mal en fait. Fred me bricole une réparation à la sauvette et on repart prudemment mais Thomas qui commence à trouver ses marques décide de me relayer et récupère la pulka. On a remis les peaux, le paysage a changé, les pins à crochets ont laissé place aux sapins, les randonneurs sont de plus en plus nombreux et les tenues de plus en plus hétéroclites, il fait plus chaud, les plaques de verglas sont très nombreuses et la terre affleure plus souvent. La civilisation se rapproche comme la fin de notre aventure. Pour éviter de trop souvent déchausser, nous empruntons les pistes de fond, sous les  regards amusés et interrogateurs des passants qui nous confondent avec les secours. A la question s’il y a quelqu’un sous la bâche de sa pulka, Thomas répond laconiquement à un promeneur «oui, un enfant ! » et poursuit sa route. Le bitume signe la fin de ces quatre jours loin de tout. Quatre jours sans…téléphone, sans télé, sans routes, sans pollution, sans Fillon…un luxe en quelque sorte, une bouffée d’oxygène assurément. On se restaure et autour d’une bière on évoque cette traversée déjà comme un souvenir tout en imaginant revenir en ces lieux au printemps pour une traversée en VTT !

Merci à Régis pour ses précieux conseils et de faire vivre ce site qui recèle une mine d’informations.

Météo

Grand beau temps.

Condition de neige

Neige transformée du Vallon de Combeau à Jasse de Play quelques passage en neige dure. Plus on approche de Correçon et plus la naige est dure, tassée parfois verglacée

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