Réactions de nos amis de skitour sur l'Annum

Juste pour donner une idée de la vision de nos amis randonneurs alpins sur le ski de randonnée nordique et son matériel : leurs réactions.

une fois dépassé le côté émotionnel, les retours sont intéressants, et évite de s'enfermer dans un carcan.
merci à toi talonlibre de décloisonner les pratiques.

grandsteak a écrit :
merci à toi talonlibre de décloisonner les pratiques.

En fait, elles ne sont pas si cloisonnées que ça : Les gars
savent très bien de quoi il s'agit . Je remarque qu'is ont la mème réaction que moi s'agissant de l'aiguille de l'épaisseur : C'est sympa de tenter le coup avec du matos de rando nordique ….Mais pourquoi s'emmerder ? Pour ces terrains là , y a du matériel adapté !
D'une certaine façon - pourquoi ne pas le dire tout net ?-
je désapprouve l'idée de s'attaquer a une course ( si modeste soit-elle ) avec l'idée de démontrer quelque chose … C'est un peu l'esprit de la compétition, non ?

Merci Grandsteak et Robert, vous avez des neurones et c'est bien sympathique.

Skier pour se prouver quelque chose, c'est nul !

Robert, pour l'Epaisseur, c'était fait dans les années 30 sans refuge avec du matériel plus pourri que la plus dépassée des paires de SRN.

Le principal, c'est de se faire plaisir.

Décloisonner, c'est parfois dur… on a l'impression d'être seul… un bon skieur sait tout faire, du fond, de la descente, du saut… et comme j'ai la trouille des tremplins, je suis un skieur incomplet, contrairement à notre ami Sancho avec ses odieuses planches mormones qui vont trop bien.

Merci pour votre soutien tous les 2.

J'essaie de prêcher la bonne parole sans me prendre pour ce que je ne suis pas.

Au fait, dimanche, un la Cure-Saint-Cergue avec mélange d'alcool à bruler de patates distillées, ça vous dit? :sunglasses:

talonlibre a écrit :
Robert, pour l'Epaisseur, c'était fait dans les années 30 sans refuge avec du matériel plus pourri que la plus dépassée des paires de SRN.

Le principal, c'est de se faire plaisir.




Oui, dans les années 30 …

En fait , c'est très flou dans ma tète, ce que je ressens : l'idée c'est que j'ai toujours consideré les montagnes comme des sorcières terriblement séduisantes et capables du meilleur comme du pire .
Vouloir les apprivoiser , les séduire " comme ça " , sans grandes précautions c'est un peu leur manquer de respect . C'est oublier qu'on est tout petits , tous nus et qu'elles ont de toute façon le dernier mot .
Si je devais encore m'attaquer a une de ces sorcières , mème la plus débonnaire , je mettrais toutes les chances de mon coté : Bonne forme physique, bonnes conditions météo , matériel tip top .
Ce n'est pas ètre craintif ou timoré , je ne crois pas .
C'est, dans le langage amoureux , le signe qu'on tiens beaucoup a conquérir la belle , c'est comme le type
très beau qui apporte quand mème un bouquet de fleurs…
Mème pour l'aiguille de l'épaisseur , je prendrais des gants
( et un équipement tip-top )
C'est pas un sorcière très méchante , non ,mais elle pourrait se vexer de te voir arriver avec un bouquet fané datant ….des années 30

En fait que toi et quelques autres dont je connais le niveau aient envie de se faire l'aiguille de l'épaisseur en SRN ne me choque pas …Ce qui me titille c'est que ce genre de truc puisse se banaliser et que ça devienne une option ouverte a des gens qui ignorent que les montagnes sont des sorcières …



Entièrement d'accord avec toi Robert… mais certains skieurs comme Sancho repoussent les limites du SRN.

Ils ont aussi une culture montagne, nécessaire pour flirter avec les sommets.

Des sorcières les montagnes ? :-o

Même si je vous rejoins à 99,9 %, je n'irai pas les appeler sorcières mais juste partenaires d'un instant dans une approche globale celtique ou amérindienne d"un respect de la nature qui automatiquement peut déboucher évidemment sur une crainte … :-? Un respect où l'on est, nous les humains, petits, mais alors tout petits …

C'est vrai que dans notre société on banalise tout, on le voit avec les dépose en hélico où seul le plaisir immédiat compte, sans chercher autre chose, sans vouloir passer par la case effort avant celle plaisir.

Un simple clic comme le disent les pubs et on vous fait croire que tout est à portée de main… Même un sommet.

C'est pourquoi le ski de rando nordique ou alpine, la rando d'été et toutes les activités qui permettent de se vider la tête en se disant, je suis là, j'avance et le temps des hommes ne compte plus réellement, peut déboucher sur cet élément essentiel à mes yeux de l'approche nature, c'est à dire le moment où l'on ne se sent plus un invité, mais presque une composante de la nature environnante,
C'est là où le temps suspend son vol et où l'on profite d'un moment d'Eternité … :smiley:

Et pas besoin de grimper haut, d'aller loin, c'est parfois dans le taillis derrière chez soi, le petit sentier, le bout de levée où l'eau coule que l'on peut tout simplement le découvrir …

:smiley:

Saperlipopette, yen a des choses dans ce sujet qui me donne envie de réagir.
La première chose c'est qu'on est bien sur un forum de SRN, les posts semblent se distinguer un peu d'un forum de compétition de ski de rando alpin. Ça respire bon le contemplatif à tendance poétique.
Sur les "sorcières" je rejoins Forez, et le terme "fées" me semble plus approprié, car moi non plu je ne voudrais pas les fâcher. Elle sont ensorcelantes, mais faut les caresser avec tout le tact qu'il leur est dû, car les fées peuvent aussi nous jouer de mauvais tours.
C'est entre autre pour cette raison, que je n'adhère pas pleinement à l'idée de compétition, dès lors qu'il s'agit de porter nos spatules, sur les croupes de ces géantes majestueuses.
En ski de rando alpin, il y a course et course. S'il faut mettre un dossard, ou faire presque comme si on en avait un, pour croire que c'est de là que nous vient l'essentiel du plaisir en montagne: je deviens plus que sceptique.
L'homme est un animal social comme bien d'autres espèces. Qu'on le veuille ou non dès que nous sommes en groupe, il se crée une certaine forme d'émulation. On a bien assez vite fait, de laisser parler la testostérone dans défis à la con (en montée comme en descente).
Comme l'a écrit feu tonton Georges "le pluriel ne vaut rien à l'homme, si tôt qu'on est plus de quatre, on est une bande de cons".
Sans être aussi radical que Georges, je dirais qu'il y a du plaisir à prendre, et à partager dans ce genre de situations. Mais dans un milieu ou dame nature en impose (mer, montagne, désert&#8230smile, je crois qu'il est bon de garder un peu de réserve.
En montagne, je suis contre l'idée de forcer le trait de ce penchant naturel de l'homme, contre l'idée d'ériger une stèle à celui qui ira le plus vite et le plus haut, dans une course officielle. Médiatiser le sacre d'un vainqueur de Pierra Menta, c'est ouvrir la porte à une masse de skieurs, parmi lesquels on ne manquera pas de trouver quelques couillons, au regard obstinément tournés sur leurs attributs. Quand les couilles enflent, on a du mal à regarder ce qu'il y a autour: le paysage, le simple plaisir d'être là, le risque à 4/5 où il faut quand même sortir, si on veut piler Roger à la course du WE suivant…
Au domaine des fées même Jornet reste une fourmi, qu'on y aille avec des skis carbone, des skis de fond ou avec des enclumes de SRN en bois, le plus dangereux, et surtout le plus lourd à hisser au sommet, c'est une grosse paire de bijoux de famille. A mon sens il n'y a pas d'exploits à aller chercher en montagne, Il n'y a que du plaisir. Au domaine des fées la quête de la performance et de l'exploit en tout genre, est sans doute le chemin le plus court pour rouler sous une stèle prématurée.

Prendre du plaisir à l'aiguille de l'épaisseur, avec des SRN c'est du domaine du possible pour beaucoup de skieurs avec certains skis de srn.
Relevé le défi en ski de fond c'est même jouable pour pas mal de monde, mais dans ce cas là, qu'on ne me parle pas d'autre chose que du plaisir d'avoir réussi à le faire: à moitié à poil, en traversées conversions, sans jamais enchaîner plus de 3 virages.
Barnett il ne s'est pas privé du plaisir de skier des Karhu guide (annum d'aujourd'hui)
Je suis convaincu que je n'aurais pas forcément plus de plaisir à prendre avec le kit carbone de ski de rando de kaiser 38 (http://www.skitour.fr/actu/2793-test-des-madshus-annum-ski-de-cross-country-downhill) , qu'avec mon matos de SRN à l'épaisseur.
Mais avant tout c'est le plaisir qui compte, ce qui est valable pour certains, ne le sera pas forcément pour d'autres. Certains pratiquants de SRN préféreront y aller en ski de rando alpin, d'autres préféreront ne pas y aller du tout.
Ce WE j'ai fait essayer des annums à un très bon copain adepte de ski de rando alpin, et particulièrement de pente raide. Il était blindé d'à priori, mais ce qui peut se manifester comme du dédain parfois, de la part de certains (vraiment pas tous) adeptes du vrai ski de randonnée, se converti en scepticisme appuyé quand on discute entre copains.
Le SRN c'est un peu le topinambour du ski: en apparence c'est un vieux légume d'antan, mais ceux qui prennent la peine d'y goutter, s'aperçoivent vite que sous cet aspect guère affriolant, se cache un doux velours au léger parfum d’artichaut.
Pour savoir si on aime ou pas, faut au moins avoir pris la peine d'essayer.
L'ami en question avait une monstre banane hier en fin de balade. Dans tous les cas, il n'aurait pas fait le déplacement dans les alpes pour risquer de prendre une coulée derrière les oreilles avec le contexte de ce WE. Et au final, il s'est aperçu que derrière son jardin, il y avait un jeu avec du vrai potentiel, au moins pour les jours où les fées alpines seront déchaînées.
Soyons objectifs: le SRN n'est pas l'outil le plus approprié pour rentrer dans un couloir long de 600m et incliné à 45°.
Mais on a quand même eu quelques virages proche du 45° où nous n'avons pas boudé notre plaisir dans cette peuf.
Si ça avait été une autre neige c'est sur qu'il n'y aurait pas eu matière à discuter la comparaison avec du ski de rando dans ce genre de terrain.
On a enquillé dans des champs de neige vierge à plus de 30° où franchement l'ami n'avait pas l'air malheureux.
Et ce qui lui a mis encore plus le sourire, c'était la glisse au plat et en montée.
L'ère du tout carbone à kaiser38, elle est bien jolie, mais on est aussi à l'époque de la mécanique quantique qui tend à prouver que deux affirmations d'apparences contradictoires, peuvent s'avérer simultanément vraies.
Entre un kg de plume en carbone et 2kg d'enclume en bois qu'est ce qui est le plus lourd?
L'ami adepte du carbone a bien avoué qu'il s'envolait comme jamais dans les montées.
Je ne suis pas Garcimore, la différence elle est dans la fixation et la chaussure qui assure une mobilité naturelle et qui permet de vraiment courir en montée pour un homme qui se sentirait pressé.
Un plâtre même s'il est en résine ou en carbone ça reste un plâtre: ou autrement dit une immobilisation partielle de la cheville et du déroulé des doigts de pieds.
Ce qu'on gagne en SRN à la montée, on le perd en partie en maintient à la descente. Après en fonction de ses qualités techniques de skieur, du choix du terrain et de la qualité de la neige, un bon pratiquant de SRN peut très vite avoir envie de ne pas chausser les skis de rando alpin pour aller jouer dans certains terrains qui était jusqu'alors, la chasse gardée des coureurs de courses alpines.
Est ce tellement dérangeant de voir évoluer le matos de SRN pour certains? :-o
Au plat et dans les petites montées la glisse n'est en rien comparable.
J'ajoute que l'ami qui a découvert le SRN ce week-end est d'un naturel assez pressé, du genre chef de meute avec toujours un temps d'avance sur les autres, juste par principe. Il aime quand ça va bien vite et fort en toutes situations.
Rien que pour la glisse au plat et en montée faible, il était déjà pas mal séduit.
Il a peauté et dépeauté deux fois, alors qu'avec les vector j'ai tout fait sans peaux, autant dire qu'il a du voir là dedans encore de précieuses secondes à gagner pour aller encore plus vite et plus loin à ce nouveau jeu de derrière son jardin. Une belle sortie, ça sentait fort l'hormone mâle quand même. On a peu fait dans le côté contemplatif, mais les fées jurassiennes sont plus enclines à tolérer nos humaines sottises que leur grande soeurs alpines.

Bien d'accord avec tout le monde, il est hors de question de partir en montagne à la légère, et encore moins en hiver. On croise relativement souvent des gens en raquettes sans vêtements chauds ou autre forme de précaution qui accèdent à des sommets alpins autour de Grenoble. Cependant ça n'est pas à proprement parler la raquette qui fait la dangerosité de la chose.
Je trouve presque plus perturbant de voir toutes les pentes tracées au lendemain d'une chute de neige, par des "connaisseurs" parfois trop en confiance.

Et je te rejoins Sancho sur le plaisir offert par certains matériels de SRN. C'est peut-être à cause de mon matériel de rando alpine vieillissant que je le trouve lourd et rigide, mais je lui préfères de plus en plus souvent le matériel de SRN qui est souple et léger, et ne descend pas si mal que ça.

à vrai dire quand j'ai monté les super télémark sur les Xadv89, j'ai été bluffé par le maintient de la fix et le comportement global de l'ensemble. Je me suis demandé pourquoi ce genre de skis n'étaient pas utilisés par les dévoreurs de D+. (bon j'ai jamais vu ni touché de skis en carbonne&#8230smile
Et pour surenchérir sur le confort du "soufflet", moi qui suis un inconditionnel des cales en rando alpines,
je ne les utilise plus en télémark. pas plus que sur mes meindl l'été :smiley:

Bref, de mon point de vue si je sors plus souvent les SRN que les skis alpins, c'est ni par défi ni par masochisme, mais par plaisir avec un soupçon de liberté en plus offert par le matériel léger, joueur et polyvalent. Evidemment, les terrains de jeu se sont adaptés, mais certains se prêtent aux deux, d'autant plus si les conditions sont bonnes.

Tone Troope, les skis de telemark ont été interdits dans les compétitions de ski alpinisme, ils étaient utilisés au début des compétitions avec descente en sorcière, les 2 bâtons placés entre les jambes et servant de freins.

J'ai une hypothèse sur cette abandon, les mâles les plus "couillus" ont du avoir peur pour leurs précieux attributs :smiley:

Sancho, j'ai beaucoup aimé ton texte et je trouve les amateurs de carbone assez étroits d'esprit.

Pour moi, tout ce qui glisse (sur neige), vaut la peine d'être essayé si cela permet de prendre du plaisir.

Et pour les collants-pipettes trop pressés, je propose une solution : un peu de poussette rouge sur les poils… des peaux, cela devrait les ralentir un peu :lol:

Les commentaires du test sont assez drôles. Pour ce qui est du fameux Kaiser (on aurait voulu l'inventé, on n'aurait pas trouvé mieux quand même !), après un premier commentaire sublime à base d'enclumes (c'est toi l'enclume.) il nous confirme donc l'intérêt particulier des SRA pour leur entrejambe : "dans le ski de rando nordique, il semblerait qu'on pratique nettement moins l’onanisme que chez son cousin skitourien".

C'est sûrement pour ça qu'on n'a pas besoin d'ultralight, avec un entrejambe démeusuré, on a besoin de compenser le poids ailleurs, mais surtout c'est handicapant pour mettre un pied devant l'autre ! (Essayez de monter avec une enclume dans le slibard, vous verrez&#8230smile

sancho a écrit :
Je ne suis pas Garcimore, la différence elle est dans la fixation et la chaussure qui assure une mobilité naturelle et qui permet de vraiment courir en montée pour un homme qui se sentirait pressé.
Un plâtre même s'il est en résine ou en carbone ça reste un plâtre: ou autrement dit une immobilisation partielle de la cheville et du déroulé des doigts de pieds.

C'est exactement ça, et tout à fait cohérent. Comment des gens qui passent leur temps à aller le plus vite possible pourraient-ils voir plus loin que le bout de leur nez ? D'ailleurs le chiffre fait partie de la performance (numéro de dossard, temps, poids, etc), donc le meilleur référentiel. Et souvent le seul à leurs yeux.
À propos de plâtre, on pourrait leur suggérer une expérience : soulever à bout de bras moitié moins de poids (qu'un skieur de SRN) mais sans plier les coudes ni les poignets. En plus d'être comique, je pense pouvoir leur montrer que le poids n'est pas la seule variable. Je le ressens à chaque fois que je pose mes telemarks pour aller faire du ski : je ne suis pas bien ! C'est serré, rigide, le talon attaché m'incommode de plus en plus… Je crois que je suis bel et bien en train de muter !!

Pour ce qui concerne les sorcières, fées, trolls et autres farfadets, je vous rejoins et dois bien avouer que c'est peut-être ce qui nous caractérise : une intimidation par rapport à la montagne. Je pense que c'est une force et une preuve de santé mentale. À trop rester rivé sur ses performances et à vouloir pisser le plus haut, on peut oublier certains fondamentaux. Je vais d'ailleurs, avec mon acolyte Mikael, me mettre à la "nivologie", apprendre à repérer les différentes neiges, évaluer les risques, faire des sessions dans des avalanches parks, etc. En plus de remplir mon sac ABS de pelle et sonde, mon gilet d'un Arva. Et si possible être accompagné…

C'était très plaisant de tous vous lire en tout cas. La poésie n'a peut-être pas tout à fait disparu de nos sommets bétonnés et pylonnés. Il existe bel et bien d'autres plaisirs que celui d'avoir mis les autres à l'amende. Celui d'avoir fait la route avec eux, d'avoir mangé et bu ensemble (autre chose que du lyophilisé ultralite !), d'être tombés parfois, de s'être relevés et d'avoir continué sans laisser personne derrière.
Peut-être même révélateur de la nature de chacun, voire du choix de vie que chacun fait.