Développement du Ski de Randonnée Nordique
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J'allais me coucher quand je suis tombé par hasard sur ce post, et comme Forez: j'ai tout lu avec intérêt. Pour ma part, je suis archi convaincu que le srn a un potentiel de développement énorme, mais ça capote pas mal tant côté loueurs, que côté moniteurs. Les loueurs qui connaissent, et qui investissent dans du bon matos sont peu nombreux.A mon avis ils ont bien du mal à rentabiliser leur parc, car les moniteurs ne proposent pas l'activité. Le vacancier lambda qui connait peu la montagne va guère s'aventurer à louer ce genre de matériel pour aller découvrir sans être accompagné. Celui ou celle qui connait un peu plus le milieu montagnard va sans doute louer, avant d'acheter ou de se dire que l'activité ne lui convient pas. Côté moniteur c'est la mouise: Mon point de vue est, que le ski de fond a pris un très mauvais virage, il y a près de 40 ans au travers de l'évolution de la formation des moniteurs. On en a payé les conséquence avec un petit décalage à partir de la fin des années 80, le temps que les nouvelles générations prennent le dessus sur les anciennes dans les stations. Dans les années 70, la formation a pris un tournant radical en copiant le cursus de l'alpin, et en se concentrant sur une analyse purement technicienne de l'activité. Aujourd'hui dans le monde du ski de fond, on a complètement perdu cette culture du ski de randonnée, du ski de promenade. Jérome Pinoncely évoquait déjà ce problème dans: "plaisir et liberté du ski de promenade et de découverte". C'est illusoire pour un moniteur de ski nordique de vouloir faire partager à un parisien sédentaire, les joies de la glisse en ski de fond. "C'est pas parce que je mets la tête sous l'eau que je fait vraiment de la brasse coulée". Dans nos écoles de ski on vend de la technique, ou de la technique. Nos moniteurs sont bien formés pour ça, et trop peu formés pour faire partager de belles balades aux clients. Du coup à force de leur faire boire la tasse on a tué le ski de fond populaire. Si le matos de SRN d'aujourd'hui était arrivé sur le marché 30 ans plus tôt, je suis quasi convaincu qu'on aurait jamais eu près de 1000 km de pistes tracées sur le massif du jura, pour le ski de fond. Dans les années 80 sur une seule structure l'école de raid à Chapelle des bois, les meilleures semaines il y avait près de 20 groupes qui partaient en itinérance avec un moniteur. Aujourd'hui dans tout Chapelle, ils sont guère plus de 5 ou 6 sur la saison à se battre pour encadrer des cours techniques en ski de fond sur piste. Et pourtant c'est tellement plus facile de donner du plaisir à un débutant avec un bon matos de SRN, qu'avec un bon matos de ski de fond. Mais ça, c'est pas encore dans les consciences des moniteurs de fond, et ce ne sera pas encore au programme de la formation des moniteurs de l'hiver prochain. Si on propose, le client dispose: dixit Régis. J'ai pas vu le boum du VTT, mais tous les lundis matin de l'hiver avec Tatane on s'est levé pour faire essayer gratuitement le matos. Que ce soit des skieurs alpins, des fondeurs ou même des débutants complet: les gens adhèrent vraiment facilement au SRN. Moi je rêve d'un hiver où toutes les écoles de ski proposent. Pour revenir sur le VTT de Forez, c'est ludique comme le VTT sans que ce soit physique. Et plus qu'un parallèle avec la petite reine, je comparerais le ski de fond à l'aviron, et le SRN au canoë. Avec malgré tout un frein au développement décrit par Forez qui est lié au fait, qu'on ne suit pas une rivière toute tracée. Mais c'est aussi ça qui fait en grande partie le charme du SRN: la liberté ou la liberté de suivre un moniteur (à condition d'en trouver un), si on ose pas s'y plonger tout seul. |
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Sancho , c'est pas toi qui a écrit V.T.T. à la tondeuse a gazon sur les pentes du Mont d'Or ? :-D |
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Robert, je crois que j'avais déjà pas mal déraillé par rapport au sujet initial, mais là tu déjantes: on va encore prendre de force un passage spatio-temporel qui débouchera dans la rubrique bavardage. Ceci dit c'est pas moi le créateur de l'oeuvre de land-art, mais c'est un ami. |
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Robert a écrit : Pour le tour de France, le VTT et les tondeuses Wolf c'est ici. Robert, tu sais que je t'adore, que j'aime le ton décalé… Alors saches que je ne m'acharne pas sur toi :-)
Praticien du Ski Sauvage.
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Après le passage de Sancho, l'ensemble de nos messages résument bien la situation qui est je crois toutefois un peu différente suivant les massifs. J'ai envie de retourner la question : a votre avis que faut il faire pour que cette activité se démocratise (avec l'esprit qui va bien) ?
Praticien du Ski Sauvage.
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Pour ma part je crois, peut être à tord, que le cadre de la pratique est sans doute le meilleur garant: d'un esprit qui va bien. La nature en hiver peut être aussi belle que rude, et je crois que ce deuxième caractère tend à nous la faire apprécier plus encore. La rudesse assoupli le caractère des pratiquants, elle est un moteur de solidarité, de convivialité, d'humilité… On trouvera toujours de mauvais exemples à droite ou à gauche, mais globalement l'esprit est assez bon dans les sports où le pratiquant est confronté à un environnement naturel qui peut être hostile: je pense au kayak, à l'escalade ou à l'alpinisme… Que faire pour que le SRN se démocratise? On a vu que dans des disciplines comme le trail, l'escalade, le ski de rando alpin…, la compétition a pu être un moteur conséquent de développement du nombre de pratiquants. Pour ma part je suis réfractaire à l'idée de quelque forme de compétition que ce soit en SRN. Multiplier des rassemblement conviviaux du genre de l'aventure nordique ou de la journée nationale de découverte, peut être une piste, mais le véritable effet boule de neige sera long à mettre en place, tant qu'il n'y aura plus d'offres de produits de découverte de l'activité mis en place par des professionnels. Je suis bluffé par l'énergie déployée par des bénévoles, autour de ces journées, mais même pour des passionnés faut réussir à ne pas s'user. Je crois sincèrement que si les accompagnateurs en montagne avaient eu des prérogatives sur l'encadrement du SRN, cette activité serait nettement plus reconnue aujourd'hui. Mais ce point là, n'est à mon avis pas prêt de bouger. Dans le cursus d'un moniteur fond, il y a 8 jours d'enseignement spécifique qui concerne la pratique du SRN. Ces 8 jours sont découpés en 5 jours de théories, 3 jours de terrain plus deux jours d'examens. 8 jours pour parler météorologie, nivologie, déclenchement de secours, manip de corde,technique de bivouac, environnement, patrimoine, orientation et spécificité de l'encadrement du SRN par rapport au ski de fond: 8 jours! Plus de 90% des stagiaires sont, ou ont été des compétiteurs purs et durs en ski de fond. 100% ont eu une pratique de compétition. Une très grande partie d'entre eux ne sont jamais montés auparavant sur des srn. Beaucoup arrivent sur cet UF plus ou moins à reculons en se disant que c'est un passage obligé. 8 jours c'est court pour leur faire à la fois intégrer un minimum de contenu, leur faire apprécier l'activité afin qu'ils y retournent pour eux même (histoire de grossir un peu le bagage) , et leur donner envie de la proposer en tant que moniteur. Ca fait quelques années que j'interviens là dedans, en y mettant à chaque fois toute l'énergie que je peux, mais faut être lucide, il y en a pas beaucoup qui de ceux que j'ai croisé, qui seront moteur du développement du SRN dans leurs écoles, mais il y en a. Aujourd'hui le centre national de ski nordique est observateur du développement du SRN. Ceci dit pour tous ceux qui aimeraient voir cette activité se démocratiser, ce statut d'observateur nous fait une belle jambe. En même temps le CNSN n'est pas décideur de l'évolution à donner à ses propres formations. Autre problème: La structuration de la profession de moniteur de ski dans les écoles est vraiment très spécifique, pour ne pas dire spéciale, et ça ne facilite pas du tout les efforts de développement. Dans une école de ski, si tu ne cherches pas à faire bouger des choses, tu es sur de bien gagner ta vie. Pour développer du SRN au sein d'une école de ski un moniteur dispose d'un seul levier facile qui consiste: à systématiquement proposer à ses clients de revenir pour essayer l'activité. C'est déjà mieux que rien mais la boule de neige va être très longue à se former. Pour que la boule grossisse plus vite il faut se donner des moyens. Dès qu'on parle de moyens, on vire sur des perspectives de rentabilité. Dans une école une voix de BE fond doit valoir une voix de BE alpin. Mais je connais beaucoup de moniteurs fond qui sont plus sur de gagner leur vie en alpin qu'en nordique. Et il y a également beaucoup d'école où les fondeurs sont loin d'être majoritaires. Tout ça apporte peut être un éclairage sur le pourquoi du si peu de moniteurs qui encadrent en SRN. Mais rien n'est impossible, et je suis convaincu que ça va bouger. En attendant: force, courage et patience pour les motivés. Sinon pour aider à faire bouger, j'aurais des pistes à soumettre en terme d'image de l'activité. Mais ça ça fera l'objet d'un autre post. |
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Je rebondis sur l'opinion de Sancho au sujet des accompagnateurs de montagne : A mon avis , s'ils étaient interessés, je pense qu'il ne leur serait pas impossible de se voir autorisés a accompagner des groupes en SRN …pas pour faire la vallée blanche, évidemment , mais sous certaines conditions ( localisation géographique , altitude ) oui : Si les moniteurs de ski et les guides étaient interessés par le SRN , ils pourraient ceratainement faire blocage …Mais ils ne sont pas réellement dans cette optique …a part de brillantes exeptions . A mon sens, les accompagnateurs auraient de très bons arguments a avançer : Ils peuvent déja encadrer des groupes en raquette et l'accompagnement de groupe est un facteur de sécurité . |
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Robert a écrit : C'est vrai que le SRN manque de grandes communications, d'images fortes. Faut frapper des grands coups!!! Heureusement que nous avons déjà SRN.com, l'Aventure Nordique en mars, et la Journée du Ski de Randonnée Nordique… sinon ou serait le SRN ??? Reste les institutionnels qui doivent pouvoir faire bien plus, et surtout les marques de ski qui ont les moyens de développer le SRN, principalement pour se créer un nouveau marché dans le nordique… comme l'a fait TSL avec la raquette à neige! |
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alors peut être faut-il copier tsl et développer son propre matos, créer une marque - très facile à dire vous me direz. alors une liberté de développement du matos sera possible, en utilisant les usines fabriquant déjà du matos nordique, ou encore aller jusqu'à fabriquer le matos de A à Z, comme le font des marques comme Bohême pas loin de grenoble. la création d'évènements liés au nom de cette marque … je n'y connais rien, notamment en marketing, mais une voie de développement est peut être possible, avec beaucoup d'ambition pour celui qui se lance ! |
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C'est vrai que souvent le développement d'un sport ou d'une pratique passe par la compétition. Il n'y a qu'à voir la rando alpine avec des courses comme la Pierra Menta ou même l'escalade devenu un sport d'intérieur et d'extérieur. Je ne souhaite pas que le ski de randonnée nordique soit détourné comme ça, ou alors comme au Québec sans être une compétition. Vous tapez marathon canadien et vous verrez, c'est la 47ème édition qui se déroulera les 9 et 10 février 2013. Ils étaient 1500 en 2012. J'avais déjà lu un article là-dessus, il y a même des catégories et la reine c'est les coureurs des bois. Ci-dessous un copier/coller pris sur le site et qui explique la philosophie de ce rassemblement : Maintenant dans sa 46e année, le Marathon canadien de ski a commencé en 1967 comme activité du Centenaire. C’est une rencontre de tous les âges pour célébrer l’hiver. Le marathon, qui a lieu en février sur une piste de 160 km entre Lachute et Gatineau (Québec), est divisé en dix sections (cinq par jour). Certains ne font qu’une section par jour en jouissant du paysage avec famille et amis. D’autres skient plus. Le summum est de devenir un coureur des bois en skiant les 160 km avec sur le dos un sac contenant l’équipement pour camper une nuit. Ce n’est pas une course. Ce n'est pas une course mais même si la piste est tracée, se taper 160 bornes en 2 jours en dormant avec ses propres moyens, chapeau bas. Pour revenir un peu plus à notre sujet en France, c'est vrai que les accompagnateurs en moyenne montagne sont plus indiqués pour encadrer il me semble du ski de rando. Les agences qui organisent des raids dans les pays nordiques préfèrent d'ailleurs des accompagnateurs capables de se mouvoir dans l'espace que des moniteurs aptes à démontrer un superbe pas technique. Ceci dit il y a des moniteurs comme Sancho qui ont les deux approches et c'est un plus c'est sûr. Le ski de randonnée nordique ne pourra se développer je crois, que par une approche grand public, donc par le biais des domaines nordiques, en remettant des anciens itinéraires devenus pistes régulièrement entretenues, en itinéraires à nouveau, c'est à dire "battus" sans plus et balisés comme un GR ou un PR. Ce n'est pas tout le monde qui peut se lancer là-dedans comme ça et les moniteurs comme Sancho qui proposent cette activité de découverte, il n'y en a pas partout. Pour ce qui est de la location de matériel de rando, beaucoup de domaines nordiques (c'est le cas chez moi) louent du matériel et ont tout intérêt à ce que les skieurs aillent sur une piste payante que gratuitement en hors piste. Et à mon avis, la réponse est toute trouvée pour ne pas louer un tel matériel, tout simplement en appuyant sur l'aspect sécurité. Vous allez me dire qu'ils louent également des raquettes, mais … Le VTT qui doit redonner de l'élan à la moyenne montagne je n'y crois pas trop. C'est une activité très physique, la moindre montée et 90 % des vététistes d'un jour sont scotchés et dégoûtés de la pratique. Le VTT sur des routes forestières sur les plateaux, plutôt type VTC, alors oui, ou alors encore sur d'anciennes voies de chemin de fer ou sur les anciens chemin de halage le long des fleuves. Il y a à Ambert un centre VTT dynamique labellisé. J'ai lu sur le journal que c'était le 5ème français mais avec 15 000 passages, ce qui me semble bien peu sur 6 mois environ d'activité, comparé ne serait-ce qu'à un domaine nordique qui tourne sur 3 mois. Là où il se développe le mieux chez les jeunes c'est au niveau VTT de descente, mais là on rentre dans un autre monde. Et beaucoup de cyclistes qui sont allés sur le VTT reviennent sur le vélo de route, et la pratique du VTT devient pour eux une pratique occasionnelle ou d'opportunité. Je fais environ 1000 km de VTT entre avril et octobre chez moi, je coupe souvent des pistes VTT, les emprunte également sur certains tronçons et depuis 15 ans, si j'ai croisé une grosse centaine de vététistes c'est le bout du monde. Je croise plus de quads et de motos. Bon, c'est l'heure de la soupe ! :-D |