Quelques conseils pour m'aider à progresser?

Bonjour!

Ca fait un petit moment que je suis ce forum, sur lequel j'ai appris énormément de choses sur le ski de rando nordique. Je remercie tous les participants grâce auxquels lorsque je vais dans un magasin, j'en sais parfois plus que le vendeur sur son matos, profitant de votre expérience à tous!

Je poste aujourd'hui parce que j'ai commencé à pratiquer le ski de rando nordique cette saison et je voudrais faire un premier bilan et vous demander des avis et des conseils avant d'aller plus loin.



Pour commencer, quelques mots sur moi et mon projet: j'ai 26 ans, j'habite Paris, et depuis tout petit je rêve d'exploration et de nature sauvage. J'ai sans doute trop lu de livres d'aventuriers… :smiley:
Depuis quelques années, j'ai commencé à faire des randos à la belle saison, en autonomie: dix jours sur la Kungsleden, une semaine dans les Highlands en Ecosse, une semaine sur le sentier cathare dans les pyrénées, un mois en Grèce…
Au menu, camping sauvage, provisions pour bivouac, bains de rivière et grand bol d'air.

Amoureux de tous les environnements et éclectique, j'ai plein de rêves tous un peu plus fous les uns que les autres, et notamment des rêves de glace, de désert blanc et de pôle sud… du coup, je m'intéresse aussi aux méthodes des aventuriers des régions polaires, et je découvre que le ski de rando nordique est la pratique la plus adaptée. D'où ma présence ici :sunglasses:

Cet hiver, j'ai expérimenté le ski de rando nordique sur des week-ends, et j'ai prévu d'aller passer une semaine en solo dans le Jura pour bien finir la saison.



Où suis je déjà allé?



Fin Décembre, je suis allé dans les Vosges avec un pote; on voulait suivre l'arête des crètes, autour de 1200m. La neige était là, mais très dure et très croûtée. On a eu beaucoup de difficultés et on a fait que quelques kilomètres au total.

Mi Janvier, j'ai fait une petite ballade sur des pistes de fond (enfin… dans la poudreuse, dix bons mètres à côté des pistes, pour pas tout saloper)

Début Février, je suis parti dans les Cévennes, et voulais faire un tour du Mont Lozère en passant par le pic du Finiels (~1690m)



Comment suis je équipé?



Je suis parti avec des Forester de chez Sporten de 180 et 190 équipés de fix NNN Rottefella, et des chaussures Alpina 1550 de location à chaque fois.

Je fais environ un mètre quatre-vingt, suis assez lourd (95-100 kg avec les habits), et portais à chaque coup un sac à dos volumineux et lourd (mini 15 kg) pour trimballer mon matériel de bivouac: tente, bouffe, duvet, réchaud… Au total donc, 120 bons kilos debout sur les skis.

Pour la technique, j'ai déjà fait un peu de ski de fond, et j'ai une troisième étoile de ski alpin, donc sur piste je n'ai pas trop de problèmes et maîtrise suffisament pour tourner, m'arrêter, aller vite, quand je veux et sans me croûter :slight_smile:



Quelles difficultés ai-je rencontré?



Lors de ma ballade dans la poudreuse à côté des pistes de fond, j'ai constaté que le ski enfoncait pas mal. La neige était légère et fraîche, mais je m'enfoncais bien de 20 bons centimètres. De plus, la neige bottait, donc je ne profitais pas de la glisse du ski dans les faux plats en descente.

Dans les Vosges, sur un terrain très dur, le ski n'accrochait pas du tout et je ne pouvais pas monter en alternatif car je glissais en arrière. Pour éviter de monter et descendre sur les sommets, je préférais rester à niveau en les contournant, mais du coup j'étais en dévers avec un vent de travers et plus d'une fois mes carres n'ont pas suffi et les skis partaient vers la pente , ce qui me faisait l'effet d'un croc-en-jambe –> gamelle

Enfin mon récent week-end en lozère, je me suis attaqué à un gros morceau: mon itinéraire commencait par une montée de 1000m, le long de la crête, pour atteindre le sommet du Finiels.
La neige était croutée, la pente était très marquée, peut-être dans les 30°; j'ai eu un mal de chien à monter, j'ai essayé de déchausser mais je m'enfoncais dans la neige à travers la croûte dure de surface… j'ai donc essayé de monter en escalier (crevant et tuant pour les chevilles qui travaillent beaucoup pour rester debout en équlibre sur la carre), en pas de patineur face à la pente mais mes skis avaient tendance à partir en arrière malgré les écailles et moi à finir dans la neige… j'ai fini par pouvoir, le terrain le permettant, faire des traversées et monter la pente en zig-zag mais ai encore pris quelques gamelles pour cause de verglas ou de retournement mal géré.
En descente, ca a été encore pire: face à une descente assez pentue et avec quelques bosses, j'ai essayé le chasse-neige mais c'était vraiment casse-gueule, et j'ai tenté de descendre en dérapage latéral; problème, régulièrement la carre aval de mon sik aval (vous suivez?) se plantait dans la neige ce qui me faisait l'effet d'un coup de frein trop vif sur une roue avant de VTT en descente, danger de foulure en plus (la pauvre cheville qui passe de 10 à 0km/h et essaie d'arrêter toute seule 120 kilos… :frowning: )



Pour résumer mon expérience de ces derniers mois:



- en montée, si la pente n'est pas trop violente, pas de problèmes, et même si c'est physique, avec des peaux de phoque j'imagine que ca devrait aller mieux?

- en plat ou faux plat, quand ce n'est pas trop verglacé j'avance sans trop de problèmes, et même plutôt vite si je peux faire glisser un peu le ski en pas alternatif. Dans la poudreuse, j'enfonce mais c'est beaucoup moins épuisant que les raquettes.

- en descente ou dans des dévers par contre, c'est l'enfer. Je n'ai aucune stabilité sur mes skis, même en abaissant mon centre de gravité au maximum et en laissant traîner un pied derrière l'autre dans une tentative de pseudo-télémark. Les virages sont irréalisables car ils tirent trop sur la cheville. De temps en temps quand je m'amuse à glisser doucement sur un petit faux plat, l'un de mes skis accroche sans raison apparente, et c'est la gamelle.

C'est donc un bilan mitigé que je retire de ces expériences. A votre avis, qu'est ce qui cloche dans mon approche? J'ai quelques idées:

- poids beaucoup trop élevé –> régime pour moi, pulka pour mon matos?

- mauvaix choix d'itinéraires –> promis, plus jamais je n'essaie de monter (ou descendre) 1000m sur seulement 5 km en ligne droite

- pour ne pas trop enfoncer ni reculer, choisir des skis plus taillés type snowbound et mettre des peaux dessus?

- utiliser des chaussures plus rigides pour mieux transmettre la force au ski et moins solliciter la cheville? (ca m'obsède mais j'ai une grosse faiblesse à la cheville gauche, foulure mal soignée il y a quelques années&#8230smile

J'aimerais pouvoir progresser et aborder les dénivellés positifs et surtout négatifs avec sérénité… d'où ce long exposé!

A tous ceux qui ont pris le temps de me lire, merci. A ceux qui me prodigueront leurs conseils, encore merci !

Bienvenu ici ! :wink:

sagger a écrit:
- poids beaucoup trop élevé –> régime pour moi, pulka pour mon matos?
Les Forester sont assez étroits. Avec des skis plus larges, la portance est meilleure.
une régime aussi ! :smiley:
Et c'est vrai que tout ce qui n'est pas sur ton dos (sac assez lourd) sera ça en moins sur les skis. 20 kg de moins, et on s'enfonce moins en poudreuse.

sagger a écrit:
- mauvaix choix d'itinéraires –> promis, plus jamais je n'essaie de monter (ou descendre) 1000m sur seulement 5 km en ligne droite
C'est vrai que c'est pas trop la tasse de thé des skis de rando nordique. :wink:

sagger a écrit:- pour ne pas trop enfoncer ni reculer, choisir des skis plus taillés type snowbound et mettre des peaux dessus?
Des skis plus larges et surtout des peaux dans les côtes. C'est assez impressionnant le pouvoir de traction des ces bouts de "tissus".

sagger a écrit:- utiliser des chaussures plus rigides pour mieux transmettre la force au ski et moins solliciter la cheville? (ca m'obsède mais j'ai une grosse faiblesse à la cheville gauche, foulure mal soignée il y a quelques années&#8230smile
OUI, MAIS, les chaussures plus rigides sont moins confortable pour a marche (je trouve). Mais nettement mieux pour les descentes (même obsession sur la même cheville).

Rassures toi tu n'est pas le seul en poids lourd !! moi je fais un poil en dessous des 100 kg.

Avec mes Outtabounds de 189 cm et des peaux en mohair, mes skis sont des vrais "tanks" et je grimpe partout en trainant ma pulka avec 25/30 kg de matos comme recemment sur le mont d'or. (vitesse moyenne = 3km/heure).

Pour la descente, quand c'est trop limite et en situation d'urgence avec ma pulka , je procede à "l'ancienne". Les deux brins des batons entre les jambes et je m'appuie dessus. Je t'assure que ca freine très très fort : l'abs du skieur pour moi ! (bon c'est sur il y a un risque de casse important)

Il y a beaucoup à dire sur ton message très détaillé.
Voici mes remarques…

Je suis parti avec des Forester de chez Sporten de 180 et 190 équipés de fix NNN Rottefella, et des chaussures Alpina 1550 de location à chaque fois.
(…) Au total donc, 120 bons kilos debout sur les skis.

Des skis relativement étroits en 180cm pour porter un tel poids, ce n’est pas assez.
Il aurait fallu les prendre plus long (et se pénaliser en termes de maniabilité), ou choisir un modèle plus large.

Pour la technique, j'ai déjà fait un peu de ski de fond, et j'ai une troisième étoile de ski alpin, donc sur piste je n'ai pas trop de problèmes et maîtrise suffisamment pour tourner, m'arrêter, aller vite, quand je veux et sans me croûter

Les techniques de ski en toutes neiges ne s’apprennent pas sur piste damée.
J’ai eu cette révélation lors d’une journée de ski libre avec les camarades du ski club avec qui je tapais les piquets (dans une vie antérieure). Bien que d’un niveau très proche en slalom (le chrono faisant foi !), il y avait nettement ceux qui savaient skier en tous terrains, et ceux qui ne savaient pas.

Pour progresser en ski toutes neiges, la technique radicale c’est d’acheter un forfait et de manger du dénivelé en bord de piste.

Lors de ma ballade dans la poudreuse à côté des pistes de fond, (…), la neige bottait, donc je ne profitais pas de la glisse du ski dans les faux plats en descente.

Avec des skis de location on pourrait au moins espérer que les semelles soient régulièrement entretenues et fartées pour éviter le bottage !

En montée, si la pente n'est pas trop violente, pas de problèmes, et même si c'est physique, avec des peaux de phoque j'imagine que ca devrait aller mieux?

Tu as trouvé tout seul une partie de la solution : pour pratiquer en terrain accidenté les peaux de phoques peuvent devenir indispensables.
Ensuite il ne faut surtout pas s’acharner à monter pleine pente. Il faut tracer en zig-zag, traversée et conversion. Apprendre et maîtriser la conversion amont, être sûr de ses conversions en pente raide et en neige dure.

En descente ou dans des dévers par contre, c'est l'enfer. Je n'ai aucune stabilité sur mes skis, même en abaissant mon centre de gravité au maximum et en laissant traîner un pied derrière l'autre dans une tentative de pseudo-telemark. Les virages sont irréalisables car ils tirent trop sur la cheville. De temps en temps quand je m'amuse à glisser doucement sur un petit faux plat, l'un de mes skis accroche sans raison apparente, et c'est la gamelle.

Je te donne le premier secret du telemark : il ne s’agit pas de « laisser trainer un pied derrière », mais d’avoir le poids du corps bien réparti entre un appui avant et un appui arrière.

Même en trace directe (traduction skieur-français « en ligne droite ») cela donne un équilibre avant/arrière qui permet de rester debout malgré les talons libres qui nous rendent tellement vulnérables aux déséquilibres vers l’avant.

- poids beaucoup trop élevé –> régime pour moi, pulka pour mon matos?

Autres solutions :
- choisir des skis plus large,
- ne pas partir chargé pour plusieurs jours avant d’avoir appris à bien maîtriser les skis en tous terrains.

Mauvais choix d'itinéraires –> promis, plus jamais je n'essaie de monter (ou descendre) 1000m sur seulement 5 km en ligne droite

A priori les montées et descentes directes ne sont pas le terrain d’utilisation normal des skis nordiques. Pour ça, utiliser des skis alpins. Cependant, c’est parfois le seul moyen de prendre pied sur un plateau qu’on va ensuite parcourir en nordique.
Ceci dit, monter 1000m sur 5km à vol d’oiseau ça ne me paraît pas insurmontable en nordique, avec des peaux et en traçant comme il faut. Ensuite, pour les redescendre, il n’y a pas de miracle, il faut savoir skier en toutes neiges et talon libre.

Pour ne pas trop enfoncer ni reculer, choisir des skis plus taillés type snowbound et mettre des peaux dessus?

« Reculer » et « enfoncer » sont des problèmes tout à fait indépendants, mais tu as mis le doigt sur les solutions.

Utiliser des chaussures plus rigides pour mieux transmettre la force au ski et moins solliciter la cheville

Je fais partie de ceux qui préconisent l’usage de chaussures rigides en rando nordique.


[propagande et mauvaise foi]
Spéciale dédicace pour Régis : Voilà quelqu’un qui a cru que « aucune connaissance technique n’est nécessaire pour pratiquer la rando nordique », qui est parti comme un martien (traduction skieur français « la fleur au fusil »), et qui revient nous raconter ses problèmes. Et qu’est ce que je lui répond ? Technique de montée, technique de descente, technique, technique…
[/propagande et mauvaise foi]

Je suis mal placé pour donner des conseils car je suis un tocard à skis (quelque soit la variante)…pour autant je t'inviterais bien à louer des skis de rando alpin, faire deux trois sorties plus alpines puis de reprendre tes skis de rando nordique…tu sentiras peut-être mieux les avantages et les limites de la pratique…pour ma part c'est ce qui m'a décidé à m'investir pour le moment dans le nordique plutôt que l'alpin (j'ai une faible propension aux départs à l'aurore, des mollets qui n'aiment pas être coincés, la trouille des avalanches et l'envie de prendre mon temps)…ceci étant dit même mauvais skieur c'est à force de sorties que ça rentre dans les jambes !
Quant aux débat chaussure molle ou rigide, tant qu'à faire du nordique, je suis partant pour l'instant des charentaises même si le prix à payer est quelques beaux gadins :wink: