Fix télémark descente versus télémark nordique

Grosse question métaphysique qui me hante jours et nuits : c'est quoi la différence entre une fix de télémark alpine (pour la descente) et les fix nordique norme 75. Les ressorts ? la largeur de l'étrier ? …
Merci à ceux qui ont la réponse.
jean

Si elles sont toutes deux en norme 75 les seules différences
sont dans la rigidité et la résistance aux contraintes ( et donc
le poids )
Dans les deux types de fix tu peux mettre indifféramment
des chaussures rigides de descente télémark ou des
chaussures plus souples de rando nordique ; a condition
bien sur que les chaussures en question soit aux norme
75mm : c'est la largeur du " bec de canard " de ces chaussures
mesurée à hauteur des trois petits trous .

Excuse moi si je suis pointilleux, mais si une question métaphysique te hante jour et nuit, ça vaut le coup d'y répondre avec rigueur.

Donc 2 remarques préliminaires d'orthographe et de sémantique :
- telemark devrait s'écrire sans accent, c'est un mot norvégien, pas un composé de la famille "téléphone, téléski…"
- "telemark alpin" c'est un oxymore ; même pratiqué dans un contexte "alpin", le telemark reste une technique typiquement nordique.

Ceci dit…

Il existe actuellement deux normes pour le telemark de descente : la norme 75 ("NN75" pour "Nordic Norm 75mm&quotsmile et la NTN (New Telemark Norm).

Passons rapidement sur la NTN : c'est une normé dédiée au telemark de descente, dont le principal intérêt est que les chaussures NTN sont aussi compatibles avec les fixations alpines. La NTN est sans intérêt pour la rando nordique - pour l'instant.

La norme 75, comme son nom l'indique, est une norme : il y a en principe compatibilité de toutes les chaussures N75 avec toutes les fixations N75 (moyennant quelques réglages) : les chaussures N75 "de descente" vont dans les fixations N75 "de rando nordique" et réciproquement ; mais à part pour s'émerveiller de la versatilité de la N75, l'expérience pratique ne me semble pas présenter un grand intérêt.

Dans une fixation N75, la chaussure peut être maintenue dans l'étrier avant de deux manières :
- soit par les 3 pointes de la fixation qui s'insèrent dans la semelle de la chaussure sous l'avant du pied,
- soit par un dispositif qui vient serrer le talon de la chaussure en le reliant à l'étrier avant.

Dans ce deuxième cas, le dispositif est constitué soit de tiges et/ou de câbles qui font le tour de chaussure, soit d'une plaque articulée sous la semelle. Les fixations N75 dédiées au telemark de descente appartiennent généralement à cette catégorie.

Le dispositif (tiges, câbles ou plaque) qui maintient la chaussure est équipe d'une manière ou d'une autre d'un ressort, qui exerce une force de rappel lorsque le talon est décollé du ski.
Cela signifie que le skieur doit (plus ou moins) "forcer" sur la chaussure pour décoller le talon. En "forçant" ainsi le skieur obtient un meilleur contrôle de son ski arrière lors du virage telemark. Une telle fixation est dite "active".

A contrario, cette force de rappel qui maintient le talon de la chaussure sur le ski empêche de faire des grandes enjambées lorsqu'on progresse en rando.

C'est pourquoi, pour la pratique de la randonnée alpine en telemark, il existe des fixations articulées qui permettent de basculer librement l'ensemble étrier avant-chaussure autour d'un pivot, lors de la progression en montée et sur le plat. Pour la descente de pivot est bloqué et on retrouve une fixation de telemark de descente active.

A mon avis de telles fixations "articulées" ne sont pas adaptées à la rando nordique. Car comme je l'ai déjà écrit abondamment sur ce site, une caractéristique technique essentielle de la rando nordique est qu'il n'y a pas de manipulation pour passer d'une position "montée" à une position "descente", seule la gestuelle du skieur s'adapte.

Donc mon credo : une fixation N75 de rando nordique est neutre (non active) et non articulée.
A ma connaissance seules les (bonnes vieilles) fixations à 3 pointes répondent parfaitement à ce cahier des charges.

A quoi il faut ajouter que l'épaisseur de la semelle de chaussure est discriminante.
Des fixations spécialisées nordique, aussi bien à trois pointes qu'à câbles, sont incapables de recevoir une semelle Telemark de 19 mm. Elles plafonnent vers 16-17 mm.
C'est le cas de la Rottefella Chili, à câble, et d'une Rotteleffela d'un modèle qui n'est plus vendu, mais qui est toujours en service sur mes Europa 77 Fischer, à 3 pointes.

Inversement, des fix Telemark à pointes, recevront des semelles fines, mais les déchireront rapidement, selon toute vraisemblance, car pas assez serrées. Cas des Telebulldog, chez 22Designs.