Prise de carre galère normale ou pas?

bonsoir,
Je me suis équipé depuis peu en rando nordique (bcx 875,fix 75 super tlk, outabound crown).
Lors de ma première sortie faute de neige je me suis rabattu sur les bords de piste d'alpin de super besse (63).
Bien entendu pas de problème pour monter avec les peaux… mais galère à descendre sur une piste bleue en béton armé!! (neige à cannon exclusivement et bien gelée).

j'ai été surpris par la grande difficulté à prendre de la carre avec mon ski aval alors que j'accroche nikel en amont!
étant habitué aux skis alpins et de fond étroits j'ai eut du mal a comprendre ce qui se passait.
Es-ce normal? L'impression d'avoir un ski aval qui se fait la malle si on rentre pas le genou à mort pour pouvoir prendre des carres est curieuse. Bref un peu le monde a l'envers de devoir tout charger sur le ski amont pour pouvoir faire des traversées.
j'ai un peu la sensation de ne pas être au dessus de mon ski mais plutot sur l'extérieur.
Avez vous eut le même problème? Certes je n'ai fait qu'une sortie et pas dans les meilleurs conditions mais sur le coup j'étais un peu déçu!

Merci d'avance pour vos conseils.
seb

A priori, il n'est pas surprenant que des skis de rando nordique tiennent moins bien que des skis alpins sur de la neige dure.

Si tu cherchais de la performance en descente sur neige dure, c'est normal que tu sois deçu : il fallait acheter des skis de slalom !

Il va falloir prendre de nouvelles habitudes et adapter ta technique (ce que tu as manifestement commencé à faire).

Tu ressens spécifiquement un défaut d'accroche sur le ski aval (carre intérieure, donc) ?

Si
- tes carres sont affûtées pareil
- ta prise de carre est la même à l'amont et à l'aval
- ton poids est réparti entre tes deux skis

je ne peux imaginer aucune raison qui explique cela.

Pour une traversée en neige dure sur une pente modérée (piste bleue) tu peux avoir recours à un stem-telemark bien fléchi pour bien appuyer sur le ski aval sans avoir à te tordre le genou.

Je ressens les mêmes chose avec mes skis Salomon de rando à écailles.

Sur neige dure sa flotte.

C'est pourquoi je préfère les skis de skate montés avec des fixations de rando nordique. Ils tiennent mieux sur neige dure malgré qu'il n'aient pas de carres et qu'ils soient beaucoup plus étroit (42 mm).

Je pense que le problème vient de la cambrure du ski, de sa nervosité.

Les skis de rando sont assez mous et si on prend des appuis forts, le milieu va accrocher mais plus la spatule et le talon.

Sur les skis de skate, même avec des appuis très forts, je crois que le ski acroche sur toute la longueur ou presque.

Mais dans le cas que tu décris, à Super Besse et sur de la neige à canon, c'est impossible d'avoir de l'accroche, déjà qu'en alpin lorsque l'on arrive sur la neige à canon on sent qu'il faut bien marquer ses virages, alors avec des skis de fond… :wink:

Des solutions pour la neige béton!!!

Le problème sur neige dure se pose avec les skis larges, pas évident d'avoir des sensations en descente sur un outabound, un xadv, un époch ou autre ski large.
2 façons de voir les choses:
- soit je relance la croissance et investi dans du matos spécial pour neige dure.
- soit je prends mon mal en patience, je travaille la technique, et devient conscient que sur neige dure j'aurai du mal à me lacher autant que dans de la poudre.

DVP de la solution 1:
Même une bcx875 est trop souple pour envoyer du gros sur neige dure avec un ski large.
Alors on peut soit acheter un ski plus fin et on se sentira plus à l'aise, soit acheter une chaussure à coque plastique, super rigide, et oh miracle mes carres accrochent même si le bonhomme est tendu, il n'y a plus de perte d'énergie dans les travers de la chaussures.

DVP de la solution technique et économique:
L'homme n'a pas encore assez évolué pour avoir des réflexes de glisseurs.
Quand la glace fait un vilain bruit sous les carres, ou quand ça part plus vite que de raison: le cheval se cabre devant l'obstacle, il se raidit et se met à cul, ça crispe les cuisses, le ski s'allège, on perd le controle et en plus la chute est dure.
En descente en SRN, le talon peut décoller, la moindre crispation, le moindre allégement au niveau du talon, si je tourne skis parallèles, et je perd le controle des planches. Une demi seconde d'allégement dans une tentative de virage sur de la glace et je suis soit en déséquilibre, soit carrément au tas.
C'est comme un vtt sans pédales automatiques, comme un skateboard, il faut toujours maintenir une pression suffisante sur ce qui transmet notre énergie au support, en l'occurence les fixations en srn.
Quand tu attaques une descente en srn, et peu importe la qualité de la neige, la recette c'est de la fléxion.
Plus je suis bas, plus je suis regroupé, plus je suis à même de transmettre de l'énergie à mon ski, et plus c'est moi qui décide où les skis vont aller, et pas l'inverse.
Pour changer de virage, il faut bien entendu provoquer un allégement, mais c'est un allégement relatif au support.
En alpin, si je me met tout debout je rattrape le tir, en srn je suis mort.
Pour un skieur moyen, je dirais que quand il se sent fléchi en alpin, il est proche de la position allégement en srn.
Et quand il veut avoir du controle sur ces planches dans des dérapages, il doit sur neige béton avoir le sentiment d'être plus petit qu'un marmot de 6 ans dans un jardin d'enfants.
Le complexe cuisse, genou, mollet, cheville est un double ressort rempli de muscles.
Si tu mets des atèles à une grenouille, elle ne sautera jamais bien loin, si tu es raide sur tes planches, les muscles ne peuvent pas exprimer leur potentiel.
Mettez vous debout, gardez la jambe tendu et tapez du pied, vous n'êtes pas prêt à faire un trou dans le plancher.
Flechissez tout le système, et tapez du talon, la réponse est nette, le voisin du dessous s'apprête à sonner à votre porte pour vous détendre.
Pour résumer sur la technique, j'attaque chaque descente en ayant l'impression d'être ridiculement fléchi, avec une sensation de tonus musculaire dans les cuissots, et là j'ai une chance de ne pas arriver en bas en me sentant ridicule.
Pour les changements de directions; je ne me redresse pas, je reste fléchi, et joue sur des transferts de poids du corps et des changements d'orientation de buste.
Le haut du corps est un bloc posé sur un pivot que l'on nomme colonne vertébrale, mes deux mains sont vers l'avant, mes bras sont souples et relachés, de profil droit on ne voit pas le bras gauche, tout le bloc est symétrique, et s'oriente dans la direction où je veux aller.
Si la main droite dit merde à la main gauche, le bas n'est pas loin de dévisser.
Voilà pour la technique, maintenant la technique en descente c'est 15% du résultat, les 85% restant c'est de l'auto conviction.
Il y a toujours un vieux cheval peureux caché en nous dans une espèce de subconscient sécuritaire.
Et cette vieille carne voudra toujours te mettre à cul et raidir tes guiboles, car ce n'est pas naturel pour un hominidé de glisser sur des planches.
Alors dans les 85% c'est beaucoup de dialogue entre ta volonté d'avoir du plaisir sur les skis, et cette vieille carne qui ne cherche juste qu'à te voir glisser sur le dos, sur le cul, ou à plat ventre.


Pour les puristes, en télémark c'est la même chose avec un décalage entre pied avant et pied arrière.
Le secret est caché dans les orteils du pied arrière.
Pas de pitié pour les doigts de pieds, on les écrase tant que possible au fond des semelles, et ce, pour garder le controle sur ce ski arrière, que le vieux cheval veut toujours abandonner.
Le petit plus en TK, le pivot du haut démarre franchement du bassin.
Je pars sur ma fente, bien fléchi, répartition du poids 50% ski avant, 50% ski arrière, je suis stable et équilibré, je file droit sans chercher à déclencher; j'ouvre mon bassin et laisse tourner mon buste dans la direction où je veux aller, et miracle l'orientation du haut, entraine le déclenchement du virage.
Pied gauche devant je tourne à droite c'est naturel, sauf pour celui qui a un bon vécu en alpin, et qui voudra toujours ouvrir à l'opposée.
Pas de chance pour lui, il a en lui une autre forme de cheval, qui lui dicte les mauvaises règles, qu'il a appris en ski alpin.
Il lui va falloir désapprendre ce qu'il a appris en taillant des courbes entre des canons à neige, avant de pouvoir s'éclater en TK.

Voilou, j'espère que ce n'était pas trop fastidieux comme développement.
Le srn, c'est à mon sens, avant toutes choses la liberté d'aller là où les autres ne vont pas, manger du paysage, prendre l'air, recharger les batteries…
Avec un peu de technique on accroit sans doute ses libertés, mais même sans trop en avoir, le srn est déjà une belle activité.
Mon crédo c'est la balade, mais si ça intéresse du monde de travailler le sujet technique spécifiquement en SRN, je dois pouvoir dégager des créneaux.
salutations jurassiennes
sancho

merci pour ce bel article sur la leçon de ski……
mais le problème n'est pas de tourner c'est les traversées!!

bref, étant capable de descendre avec mes skis de fond de 205 de long en tournant parallèle sur une piste d'alpin, c'est le décrochage en traversé avec ces skis larges qui pose problème.

Je me suis rendu compte qu'avec les pieds très suppinateurs j'ai naturellement les appuis marqués sur l'extérieur. D'où la nécessité de compenser en rentrant fort le genou (ce qui n'est pas nécessaire avec des skis étroits) pour mettre le ski sur la carre interrieure.
Du coup je me demande si il n'y aurait pas moyen de modifier "l'assiette" de mes fixations pour compenser ce dévers naturel sur l'extérieur.
Certains ont ils des idées?

seb

Rentrer le genou et le bassin est normal en telemark, tout comme placer les bras en avant et les épaules fortement tournées vers la pente.

Je mets une photo.

Superbe description Sancho.

"Je me suis rendu compte qu'avec les pieds très suppinateurs j'ai naturellement les appuis marqués sur l'extérieur. D'où la nécessité de compenser en rentrant fort le genou (ce qui n'est pas nécessaire avec des skis étroits) pour mettre le ski sur la carre interrieure."

Evidemment tes skis "étroits" mordront d'avantage pour
une raison bien simple : Ils sont droits et accrochent
sur la glace sur une plus grande longueur . Des skis
taillés commes tes outabound ne crocheront que partiellement du fait de leur forme. La première chose à faire c'est de vérifier si des chaussures plus rigides ne corrigent pas ton problème ( C'est la première hypothèse qu'évoque Sancho )


"Du coup je me demande si il n'y aurait pas moyen de modifier "l'assiette" de mes fixations pour compenser ce dévers naturel sur l'extérieur"

Pourquoi vouloir compenser sur les fixs ? Si tu es
très suppinateur je pense que des semelles adaptées
devraient faire l'affaire . Parle-en a un podologue…
L'ami Boris de chez Clavel à Grenoble devrait ètre de
bon conseil …

En tout état de cause tu es devant le problème qu'on rencontre tous : Il n'y a pas de ski idéal sauf sans
doute pour quelques uns d'entre nous qui seraient
capables de skier partout avec des moon-boots posées
sur des planches à repasser …