Traversée Nord - Sud de L’Islande Islande

vaco74

vaco74

  • 0 topo
  • 1 sortie
  • 0 test
  • 0 avis
  • 0 actualité
  • author: vaco74

Durée : 2 à 4 jours

Difficulté : Difficile

Pulka : accessible

Durant l'hiver arctique 2011, Etienne Fillion a réalisé en skis-pulka et en solitaire, la traversée de l'Islande, du nord au sud, de la route n°1 à la route n°1 ! Il vous raconte son périple en terre de glace et de feu…

Quelle joie le voyage avec plus de 60kg de matériel ! Que ce soit le TGV pas vraiment conçu pour le stockage d’une pulka, les déplacements à pied, l’enregistrement à l’aéroport ou le bus, l’aventure guette toujours.

Après quelques heures de vol, une nuit à Reykjavik, me voilà dans le bus pour Akureyri, ultime étape civilisée avant de me faire déposer demain le long de la route n°1.

Le bus file entre les montagnes. Ma principale préoccupation est de scruter la paysage à la recherche d’indices sur les conditions de neige que je vais rencontrer. Il semble y en avoir pas mal sur les sommets mais en pleine, ce n’est qu’une alternance de zones faiblement enneigées, d’herbe et de lave.

Traversée
Traversée Nord - Sud de L’Islande

Dimanche 20/02/2011
J1 route n°1 - F88 - 4h de marche 20Km

Depuis le départ d’Akureyri, nous ne sommes que deux dans le minibus. Le temps est couvert avec quelques averses. Un court arrêt à la station service au bord du lac Myvatn et le bus est reparti pour 40 min de voyage jusqu’à mon point de départ.

Dehors, il pleut de plus en plus fort. A hauteur de la piste F88, le chauffeur me demande si c’est bien ici qu’il doit me déposer. Oui, c’est bien là, au milieu de rien ! Pas de neige, mais le sol est recouvert de glace, l’eau ruisselle dessus.

Départ
Départ de la piste F88
La
La route n°1

Le bus repart, me voilà seul devant ce désert de glace et de lave. Seul face à l’Islande. Il ne me reste qu’une chose à faire, attacher la pulka et partir à travers ces étendues tant rêvées depuis que je prépare ce projet.

Avec la pluie, ce sont de véritables torrents qui s’écoulent par-dessus la glace. Dès le début, je n’ai pas le choix : pour avancer, je dois traverser ces zones inondées avec parfois de l’eau jusqu’aux chevilles. L’Islande, ça commence bien ! Cela ne fait pas une demi-heure que je marche et mes chaussures sont gorgées d’eau.

Un névé surélevé me permet de planter la tente à l’abri de l’eau, un luxe. La pluie continuera une bonne partie de la nuit.

Lundi 21/02/2011
J2 F88 - Herðubreiðarlindir - 10h de marche 40Km

Encore une journée les pieds dans l’eau. Il a gelé en fin de nuit, mais cela n’a fait que former une fine couche de glace qui ne supporte pas mon poids. Le paysage est assez monotone, j’évolue sur de la glace en permanence le long de la rivière Jokulsa a Fjollum avec le volcan Herðubreið en ligne de mire. A l’approche du refuge d’Herðubreiðarlindir, j’entre dans un champ de lave. Quasiment sans neige. Après 8h à tirer la pulka facilement sur la glace, monter les roues ne me réjoui pas vraiment, d’autant plus qu’avec une pulka bien chargée, l’épreuve de la brouette est épuisante.

Juste avec le refuge, j’ai mes deux premiers gués à traverser, il ne fait pas très froid ça n’est pas terrible, juste long ; chaussures, chaussettes, premier voyage avec sac et skis, retour, deuxième voyage avec la pulka, chaussettes, chaussures, et rebelote 500m plus loin.

Le soir, j’écrirai sur mon carnet : - Pénible, le mot semble avoir été inventé pour l’occasion.
Je faisais référence à l’alternance neige/lave rencontrée sur la fin et au portage-tirage sur la lave. Ça me fait bien rire maintenant, ce n’était vraiment pas grand-chose.

Premier
Premier gué

Mardi 22/02/2011
J3 Herðubreiðarlindir – croisement F88 – F910 - 9h de marche 20Km

Il est tombé cinq-dix centimètres de neige durant la nuit, ce n’est pas grand-chose mais ça va me permettre d’avancer sans me poser la question du manque de neige. Normalement, après cette étape, j’aurais gagné un peu en altitude et je pense que l’enneigement sera meilleur.

Le
Le 21 au soir à l’approche d’ Herðubreiðarlindir

Début de journée terrible, les skis et la pulka bottent, je passe des heures à me fourvoyer entre les blocs de lave. Le GPS m’indique bien la direction à suivre mais je suis obligé de faire de nombreux détours pour garder le cap. Vraiment l’impression de ne pas avancer !

Je pense à Loîc, un ami qui est passé par là il y à quelques années en vélo. Je l’imagine sifflotant tranquillement, les cheveux au vent, voyant les kilomètres défiler sans efforts.
Moi c’est aussi avec le vent mais plutôt dans la souffrance.

Pour en finir avec la pulka qui peine dans la neige fraiche, je prends un maximum de poids dans mon sac. Avant de partir, étant bien conscient que le manque de neige serait le problème numéro un, je suis partis avec un sac permettant de porter lourd sans fatigue. Et là je dois avouer que le sac à dos Aarn est vraiment d’une efficacité redoutable.

Pulka
Pulka légère, tracteur heureux !!

Après neuf heures d’efforts, je plante la tente, il est temps de prendre soins de mes pieds.
Au programme ce soir, étirements, massages, hydratation et repos. Demain, j’attaque une folle ligne droite le long du Vatnajokull.

Le
Le campement du jour avec ma tente Hilleberg Tarra
Herðubreið,
Herðubreið, la plus belle montagne d’Islande

Mercredi 23/02/2011
J4 croisement F88/F910 - Holuhraun - 8h30 de marche 32Km

Il a plu pendant la nuit et il pleut au réveil. Avec la neige fraiche d’hier, c’est la combinaison idéale pour le bottage. Après 10km, les conditions changent ; le temps se dégage et avec le vent, la neige gèle en surface ce qui me permet d’avancer rapidement. En Islande, si le temps ne te plaît pas attend cinq minutes. Au fil des jours, ça devient ma devise !

Vers Dreki, je m’arrête pour retirer mon pantalon gore-tex. J’entends au loin comme un bruit de moteur. Le bruit va et viens. Je pense tout de suite à la rivière Jokulsa a Fjollum qui prend sa source non loin d’où je me trouve. Le jeu du vent doit porter le bruit jusqu’à moi. Le bruit devient de plus en plus persistant, et de plus en plus intrigant. En scrutant le paysage, je vois ce qui au début n’est qu’un point sur l’horizon grossir pour devenir clairement trois énormes 4*4 se dirigent droit sur moi. Le chauffeur du premier s’arrête à mon niveau, nous échangeons quelques mots et ils repartent dans un vrombissement de moteurs. Je suis totalement déboussolé, cette rencontre improbable me trouble, j’ai l’impression d’avoir été violé dans mon intimité.

Une
Une rencontre…

Cette confrontation de deux tourismes différents est vite oubliée, le temps est magnifique et je m’en mets plein la vue le long du glacier. Je profite un maximum de ces bonnes conditions pour faire le plus de kilomètres et raccourcir la journée de demain qui doit être une journée de semi repos avec au programme petite étape et après midi au refuge de secours de Kistufell.

L’immensité
L’immensité blanche, le long du Vatnajokull.

Jeudi 23/02/2011
J5 Holuhraun - Kistufell - 6h30 de marche 18Km

Départ sous un soleil radieux, L’Islande, c’est cool, comme tout est facile avec le soleil.
Voilà dans quel état d’esprit la journée a débutée. Je ne le savais pas encore mais je vis là mes dernières heures de soleil avant longtemps. A l’approche du refuge, alors qu’il ne me reste que quelques km, le vent qui s’est levé depuis un petit moment devient de plus en plus persistant. A la vue des sommets côté sud, un bon coup de vent se prépare. Pas d’inquiétude, je ne suis pas loin du refuge et de toute façon, l’Islande sans tempêtes, ce n’est pas vraiment l’Islande.

Encore
Encore une belle journée le long du Vatnajokull.

Il doit me rester 2 km pour rejoindre le refuge, le vent devient de plus en plus persistant, je sors l’attirail, masque, cagoule, ajuste la gore-tex et me prépare au combat.
De pire en pire, j’ai le vent de plein côté, je lutte pour garder l’équilibre. A plusieurs reprises, la combinaison du vent et du très léger dévers fait se retourner la pulka. Pour la remettre sur les patins, je dois larguer le sac, faire demi tour sans manquer de me faire emporter se qui me force à revenir face au vent sur quelques mètres, et tout recommencer dans l’autre sens.

Au final je n’ai fait que quelques kilomètres dans la tempête, mais cela m’à pris un temps fou. Le refuge est un véritable havre de paix. Une fois à l’intérieur, je peux me reposer sereinement, faire sécher mes vêtements, mes chaussures toujours aussi trempées depuis le début. Il y a même un petit poêle à mazout, le confort absolu ! Demain, je vais pouvoir attaquer la journée ressourcé.

Le
Le refuge de secours entre deux bourrasques
L’intérieur
L’intérieur du refuge

Vendredi 24/02/2011
J6 Kistufel - Vers Valafell - 9h de marche 28Km

Journée blizzard. Dix minutes après le départ du refuge, le temps déjà bien bouché vire au jour blanc et le vent se lève. Rien à voir avec la tempête d’hier mais là, je sens que ça va durer. Avec les points GPS que j’avais calculé, l’orientation ne pose aucun problème mais c’est plutôt la progression en elle-même qui est problématique. Je ne vois pas plus loin que le bout de me skis et les sections où il n’y a aucun repère (lave), je suis obligé de tâtonner avec mes bâtons pour avoir une idées du relief. Dans ces conditions, je suis incapable de suivre une ligne droite et à plusieurs reprises, je me surprends à faire quasiment demi-tour lorsque je fais un point GPS.

Je dois me concentrer sur l’environnement qui m’entoure et utiliser le vent pour m’orienter et éviter de perdre du temps avec le GPS. La technique est simple, je cale mes skis dans la direction voulu, j’observe le sens de la neige filant au sol sous l’effet du vent et je garde ce cap. Avec un peu d’entrainement, c’est terriblement efficace. Et de l’entrainement, je vais en avoir durant les prochains jours ! Prés de Gaesavotn, il y a deux rivières à traverser. Elles ne sont pas entièrement gelées mais de nombreux ponts de neige permettent de passer.

Passage
Passage de rivières vers Gaesavotn, plutôt stressant dans le brouillard

L’abord des ces rivières est à aborder avec la plus grande prudence, il peut y avoir des dénivellations de plusieurs mètres, des corniches, ponts de neige…
Dans mon GPS étaient enregistrés comme points de passage les gués utilisés l’été, je pense que cela m’a évité bon nombre de soucis. Le vent devient de plus en plus fort en fin de journée, je plante la tente vers Valafell juste avant un col côté nord pour essayer d’éviter le vent de sud. Mais c’est peine perdu, sur ces haut plateaux, le vent est omniprésent. Le montage de la tente se fera donc dans la tempête.
Une fois à l’intérieur, je suis complètement serein, haubanage de folie, murs de plus d’un mètre autour de la tente, je vais passer une bonne nuit. Au fil des jours, le vent deviens un compagnon turbulent auquel on s’habitue.

Bivouac
Bivouac hivernal

Samedi 25/02/2011
J7 Vers Valafell - 7h de marche 18Km

La nuit a été très agitée. La tempête qui sévie depuis hier continue. J’ai du mal à m’arracher de mon duvet, je n’ai pas le courage de sortir dans la tempête pour démonter la tente. Ce n’est que plus de 3h après mon réveil que je me décide enfin à lever le camp, je ne peux vraiment plus tenir à ne rien faire. Il faut que j’avance, même pour quelques km.
Départ dans le jour blanc, la montée du col au nord de Valafell sur de la glace vive, lustrée par le vent est terrible. La pulka ne cesse de se retournée, je rage…
Après quelques km, je tombe sur mon premier « vrai » gué à traverser. J’étais quasiment certain de devoir franchir des gués importants dans le secteur. J’espère juste ne pas trop en avoir. Celui-ci ne fait vraiment pas rire. Le vent souffle tellement fort qu’il se forme un brouillard de neige au dessus de l’eau. Pas le temps de se poser de question, de toute façon, je n’ai pas le choix.

Je prends le temps de préparer mon matériel, sort les chaussons néoprène, bois un thé et je me lance. Premier voyage pour le sac et les skis.
Finalement, avec les chaussons j’ai bien moins froid dans l’eau que dehors. Retour, deuxième voyage pour la pulka. Je me dépêche pour enfiler mes chaussure, mais j’ai beau faire vite, une fois mes pieds à l’extérieur, ils sont recouverts de glace en quelques secondes. Allez, ça ne peut-être que bon pour la circulation. Une fois mes chaussures enfilées, j’avance le plus vite possible pour me réchauffer.

En fin de journée, je distingue dans le brouillard deux énormes trous dans la neige au niveau d’un passage de rivière. Il est hors de question que je m’engage dans une zone minée sans visibilité et juste avant la nuit. C’est inquiet que je plante la tente. Pendant des heures, je cherche tous les moyens pour éviter de traverser la zone prévue si cela se révèle trop dangereux. Je calcul des nouveaux points GPS, élabore le plan A, le B.

Quelques
Quelques secondes avant de traverser LE gué
Passage
Passage à gué

Dimanche 26/02/2011
J8 - Jokullheimar - 12h de marche 40Km

Départ dans le brouillard. Seule une éclaircie de quelques secondes me permet de voir le secteur qui m’inquiétait hier. Il se révèle que je suis tombé sur deux gouffres de 10-15m de diamètre et qu’à part ça, la zone est plate, les rivières gelées. Je suis rassuré.
Grosse journée de 12h à tirer au plus droit dans le grand blanc et les champs de lave pour rejoindre Jokullheimar. En fin de journée, le temps se réchauffe, la neige colle, je suis vraiment épuisé.

Arrivé à Jokullheimar, je plante ma tente à l’arrache et m’enfile dedans. Au moment d’allumer le réchaud, ce n’est qu’une petite flamme qui en sort avant de s’éteindre. C’est vraiment pas le jour, il me faudra plus de ¾ d’heures à le bricoler pour réussir à le décrasser.
Je suis tellement fatigué que je m’endors en rentrant mes coordonnées GPS. J’espère pour demain que je n’aurais pas fait trop d’erreurs ! Il est 0h30 lorsque je me couche.

Vers 5h, le vent me réveille, la toile bouge étrangement. Je passe la tête dehors et voit le ciel ! La moitié de mes points sont arrachés. Je m’habille en vitesse, sort avec un assortiment de piquets et cornières et renforce le tout. La neige à fondue autour de la tente ! Mes piquets plantés dans la neige se retrouvent dans l’eau ou au mieux dans un sorbet neige eau.

Lundi 27/02/2011
J9 Jokullheimar - Tungnaa - 8h30 de marche 25Km

Tungnaa. La chaleur qu’il fait m’inquiète fortement pour l’état de la glace sur la rivière que je vais descendre les deux prochains jours. Dés les premiers mètres, je patauge dans de la neige plus que fondue. Au départ, le temps était dégagé mais maintenant, il s’est couvert et pour changer, je n’y vois rien.
Toute la journée, ce sera une alternance beau/tempête/jour blanc. Mais j’avance.

Un petit ruisseau d’eau libre s’est formé par-dessus la glace. Je le longe en espérant trouver rapidement un endroit où il disparaît. La cause est perdue, il barre toute la rivière et je finis par me rendre à l’évidence, je vais devoir le traverser. Je m’approche d’un endroit où il se sépare en deux en pensant pouvoir le traverser plus facilement. Je m’approche, la glace est très fine. Je passe à travers, j’ai maintenant de l’eau jusqu’aux cuisses mais au moins, je suis sur une couche de glace solide en dessous. A ce moment, je me pose la question de traverser ou non mais finis par faire demi-tour pour remonter tant bien que mal sur la couche de glace solide.

Finalement, je suis contraint de traverser plus loin dans les mêmes conditions. Pour avancer, je dois casser la glace devant moi avec mes bâtons car, même ci elle est trop fine pour supporter mon poids, je n’arrive pas à la casser à la seule force de mes jambes. La zone à traverser n’est pas longue (env. 15-20m) mais la scène est irréaliste. J’avance dans l’eau, la pulka flotte derrière moi. Il y a des moments que je regrette de ne pas avoir en photo !
Ma journée se termine tôt, je suis épuisé de la journée d’hier et ce soir, je veux prendre mon temps.

Je trouve l’endroit idéal pour planter ma tente, un ilot au milieu de la Tungnaa. Le temps est maintenant dégagé et je monte ma tente tranquillement, prends le temps d’aller creuser la neige dans la rivière pour avoir de l’eau. C’est agréable de monter la toile sans vent, c’est la première fois depuis mon départ. Je suis vraiment heureux d’être là.

Départ
Départ sur la Tungnaa et traversée du ruisseau glacière
J9
J9 Sur la Tungnaa

Mardi 28/02/2011
J10 Tungnaa - Stakihnukur - 9h de marche 20Km

Pourtant, tout paraissait bien commencer, en sortant de la tente, je voyais un peu de ciel bleu. Cette nuit, il est tombé 10-20cm de neige. Sur la Tungnaa, les parties en glace qui hier me permettaient d’avancer rapidement ont disparues.

Après un quart d’heure de marche, le ciel se bouche, il se remet à neiger. Je ne m’inquiète pas trop, hier le temps a fait le yo-yo toute la journée.
La neige continue de tomber, je galère de plus en plus, je n’arrive pas a distinguer les zones où la sous-couche est gorgée d’eau, mes skis, la pulka bottent.

Au fil de la journée, la neige fraiche se réchauffe, j’ai de plus en plus de mal. A chaque pas, ce sont des bottent le plus de quinze centimètres qui se forment sous les skis. La pulka, je n’en parle même pas, c’est une ancre qui s’enfonce et se charge de neige humide.
Je suis obligé de frapper mes skis à chaque pas pour décoller la neige dessous. Chaque mètre de gagné l’est au prix d’efforts surhumain.
Il se met à pleuvoir, d’abord quelques gouttes puis un véritable déluge. J’en suis presque soulagé. Au point où j’en suis, la pluie ne peut qu’améliorer mon problème de glisse, une neige saturée d’eau ne botte plus.

Et effectivement, je suis trempé jusqu’aux os, mais maintenant je glisse malgré l’accumulation de neige qui se fait sur mes skis et qui les alourdissent tel des poids voulant m’empêcher d’avancer.

Je veux à tout prix quitter cette put… de Tungnaa ce soir et je mobilise toute mon énergie pour y arriver, le combat est terrible.

mes
Mes skis, la pulka bottent

Je garde en tête tout ce que j’avais lu sur la descente de cette rivière. Peux se faire en un jour avec le vent dans le dos, possible de se faire tracter avec un simple sac plastique,… Mais aussi aux magnifiques photos des falaises le long de la rivière. Je les cherche encore.
En deux jours, j’ai rencontré toutes les conditions sur cette rivière, sauf les bonnes.
Je plante ma tente au bord d’un lac. Un bus posé au milieu de nulle part et servant de cabane de pêche fera un parfait paravent. Ambiance « Into the Wild ».
Je m’engouffre dans la tente, me fou à poils, essore mes vêtements et met le chauffage à fond. Omnifuel de 3000W dans la tente, je me réchauffe bien vite !

Mercredi 01/03/2011
J11 Stakihnukur - Holaskjol - 6h de marche 25Km

Le
Le bivouac au réveil

Surprise ! Il fait grand beau avec un froid vif et énormément de vent. Des conditions de rêve après celles de la veille.
Je récupère ma gore-tex que j’avais soigneusement étalé dans l’abside et passe un bon moment à la brosser. Le froid a fait son travail, elle est totalement sèche.
Le froid a aussi durci la neige et avec le vent dans le dos, cette journée s’annonce des plus plaisantes. Ma revanche sur celle d’hier !

Sur une étendue bien plate, le vent me pousse doucement pendant que je grignote mes cacahuètes. Un final de toute beauté.
Au passage d’un col, j’aperçois les grandes pleines de lave au bout desquelles il y a l’océan.

Je m’arrête vers le refuge d’Holaskjol. Je m’apprête à planter la tente, mais par acquis de conscience, fait quand même le tour des portes. Et là, une telle journée ne pouvait pas finir autrement, la salle du haut est ouverte, dortoir, réfectoire, cuisine rien que pour moi.
D’un coup, je ne regrette plus du tout de ne pas avoir fait plus de kilomètres aujourd’hui. Je vais passer une super nuit et attaquer la dernière ligne droite en grande forme.

La
La civilisation…

Jeudi 02/03/2011
J12 Holaskjol-Hrifunes - 10h30 de marche 40Km

Pour changer, il a plu toute la nuit et le peu de neige autour du refuge a totalement disparu.
Ce matin, je pars avec des chaussures sèches pour la première fois (je n’avais pas réussi à les faires sécher au refuge de Kistufell). Elles le resteront environ trente minutes jusqu’à la première zone de glace fine et de l’eau jusqu’aux chevilles. Maintenant, marcher dans l’eau et avoir les pieds mouillés font parti de la routine, je n’y fait même plus attention.

Au fur et à mesure que j’avance, la neige disparaît. Je tire la pulka sur de fines bandes de neige, dans les champs, sur les chemins puis fini par me décider à monter les roues.

Ski-pulka-roulettes
Ski-pulka-roulettes !
Pulka
Pulka sur roues
Départ
Départ du refuge

Je teste toutes les techniques de trait pour trouver celle qui me convient le mieux. L’idéal, ce sont les bâtons devant la pulka pour me servir de poigné (je la trainerais de cette façon sur plus de 35km). Je passe près de la première ferme, des premiers troupeaux.

Je
Je passe devant la première ferme

A la deuxième ferme, le chien décide de me suivre et il le fera sur plus de dix kilomètres, j’ai dû arrêter une voiture pour qu’ils le ramènent à son propriétaire. En attendant, c’était bien sympa de l’avoir à mes côtés, surtout lorsqu’il à éloigné les deux énormes taureaux du milieu du chemin.

Après 33km, une question se pose, soit faire 5km et arriver à la route n°1, soit sept et dormir dans un camping et devoir faire quatre kilomètres de plus demain pour arriver à la route. Je choisi l’option camping. Donc direction Hrifunes, le camping n’est en fait qu’un bout de terrain vague.

Vendredi 03/03/2011
J12 Hrifunes-Route N°1 - 4 Km
Grand beau pour cette marche matinale, je m’en mets plein les yeux. Au loin les montagnes enneigées, devant, cette route symbolisant le terme de cette aventure qui m’obsède depuis des mois. Je prends mon temps, m’attarde à prendre des photos.

A peine arrivé, je pense à toutes les difficultés surmontées. Cette traversée, je la dois à ma seule volonté, à ma motivation. Je suis heureux…

L'auteur
L'auteur de cette traversée islandaise : Etienne Fillion

Consultez les autres récits d'aventures islandaises :
Islande : vent, feu et glace de Michael Charavin

Participez sur le forum au fil de discussion dédié à la traversée N/S de l'Islande à ski pulka. Partagez vos expériences, posez vos questions !

Discussion autour de ce sujet