Court W-E de test à la frange des Hauts plateaux. Neige y es-tu? France > Vercors

Ångström

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Départ/arrivée parking de Beure, station du Col de Rousset.

Durée : 2 à 4 jours

Distance : 18,0 km

Difficulté : Moyenne

Altitude de départ : 1372m

Altitude d'arrivée : 1372m

Dénivelée : +716m -716m

Altitude de chaussage: 1600m

Point le plus haut : 1770m

Pulka : accessible

Une rapide escapade de weekend pour tester mon équipement pour le bivouac hivernal. Arrivée le samedi après-midi, retour dimanche après-midi. Beaucoup de marche à pied mais finalement, suffisamment de zones avec des restes de neige pour se faire plaisir dans ce cadre somptueux mais évidemment trop printanier pour une mi-février ... 

J'ai utilisé une pulka bricolée montée sur roues (amovibles) pour tenter de trouver la neige skiable. Compte tenu de l'absence totale de neige sur la station du Col de Rousset et des conditions météo, j'ai bivouaqué à la limite supérieure de la forêt le samedi soir. Le dimanche, belle boucle sans la pulka vers Pré-Peyret puis la carrière romaine et retour.

Télécharger la trace GPX

J’ai toujours pratiqué le SRN à la journée ou en itinérance avec nuit en refuge ou gîte. Jamais cependant je ne m’étais lancé dans le bivouac hivernal. Le ticket d’entrée pour s’équiper me rebutait. Cet hiver, j’ai récupéré une tente Jamet 4 saisons, je me suis fabriqué une pulka avec une luge pour permettre à mon épouse de se décharger d’un sac à dos lourd et surtout, j’ai pris conscience lors du weekend à Ambel que les conditions permettant de skier en itinérance devenant rares, le risque d’affluence en refuge est bien réel. Mieux vaut pouvoir être autonome. Je me suis dit que c’était peut-être le moment de tester le bivouac hivernal. Malheureusement, des aléas personnels sont venus bousculer les plans des vacances d’hiver alors que j’avais avancé sur la fabrication DIY des compléments à la tente pour une utilisation dans la neige (ancres à neige) et que j’avais acheté une bâche “de survie” pour m’en faire un tapis de sol hivernal. Equipé de matelas Exped “basic”, je voulais me faire une expérience perso de la possibilité de dormir en conditions hivernales avec les composants que je possède déjà: ledit matelas + matelas mousse + cette nouvelle toile “survie”. Valider la pertinence de cet équipement était le passage obligé pour pouvoir envisager un jour un projet comme la traversée du Vercors en 1 ou 2 jours ou tout autre projet d’itinérance. Une fenêtre d’opportunité personnelle s’est ouverte pour le W-E dernier.

Problème: la météo printanière et l’absence de neige. Tentant le tout pour le tout, j’équipais en catastrophe ma pulka de roues pour pouvoir la tracter sur route forestière (mon premier plan était de monter par la route forestière de la coche). Finalement, retardé, je n’ai pas eu le temps nécessaire pour choisir cette option donc je me suis rabattu sur un départ du plateau de Beure.

Vers 15 h, je quitte la voiture dans un brouillard dense qui ne permet pas de voir d’un bout à l’autre du parking. Je tracte ma pulka que j’ai équipée avec les roues de mon diable pour pallier le manque d’enneigement. J’ai fabriqué à la hâte une sorte de cadre avec des planches lamellées-collées. Ce cadre reçoit un essieu (tube alu de 20mm) sur lesquels j’ai monté les roues. Le tout est fixé par 4 boulons de 4 mm passant dans des trous percés dans le fond de la pulka/luge. Ayant fini le montage le matin même, c’est le baptême du feu sans aucun test préalable. D’entrée, le chemin monte, très caillouteux. Pas du tout le type de revêtement pour lequel j’avais construit mon système de roulage. Près de la cabane de l’Ours, c’est boueux et temporairement enneigé. Je tire sur les cordes de ma pulka et ma foi, je suis surpris que ça roule et que rien ne casse encore. Le temps est mauvais. Il ne pleut pas mais il fait excessivement humide. On n’y voit rien. Heureusement, il ne fait pas vraiment froid. Le vent souffle dans les arbres mais tant qu’on reste en forêt, ça va bien. L’effort pour tracter mon barda (skis sur le dos) me fait transpirer, d’autant plus que le chemin est recouvert de gros cailloux. A ma grande surprise, malgré leur taille réduite, les roues quasiment pas gonflées ne se bloquent pas contre les cailloux. Ça cahote mais ça passe.

En sortant de la lisière, le chemin prend d’un coup “dré dans l’pentu”. Les cailloux deviennent encore plus gros. Va falloir prendre une décision. Mais au fait, où vais-je ce soir? Dans mes rêves, je comptais bivouaquer à Pré Peyret, à côté de la cabane. Compte tenu de l’heure, de mon inexpérience à monter un bivouac hivernal, je sais que je n’irai pas jusque là-bas ce soir. J’avais repéré depuis quelques minutes un chalet en lisière de forêt et en contre-bas. Après une tentative pour tester ma capacité à hisser ma pulka dans la pente raide, je me résous à jouer la sécurité. Je descends vers le replat jouxtant le chalet fermé mais je ne veux pas dormir sur l’herbe. Je suis venu pour tester mon équipement et dormir SUR LA NEIGE. Je viens de faire 3 heures de voiture avec ça comme but! Qu’à cela ne tienne, je trouve le patch de neige assez plat qui convient, légèrement plus bas dans le bois. C’est là que je bivouaquerai. Aplanir la neige, la tasser, monter la tente avec mon nouveau matos (ça n’est que la seconde fois que je la monte, cette Jamet). Ça se passe bien et vers 17h, mon bivouac et mon couchage sont prêts. Reste à trouver du réseau pour prévenir ma femme, comme elle me l’a demandé. Pour cela, je monte vers la crête et les nuages. Le vent devient immédiatement très fort. Petit à petit, le brouillard s’éclaircit et j’en arrive à espérer voir le soleil tout en haut. On n’en est pas loin. En arrivant en haut du téléski des écondus, le disque solaire apparait, bien beau, bien bas sur l’horizon.
Le disque solaire apparaît
J’ai trouvé du réseau et ce qui me permet de joindre mon épouse. Rassuré d’avoir pu la rassurer, je continue à longer la crête vers l’Est, et parviens vite à son point le plus haut. Le ciel au-dessus de moi est bleu, les nuages filent depuis le Nord et dégorgent leur ouate dans l’abîme vers le diois.
Ciel bleu!
D’un coup et furtivement, Glandasse apparait pendant quelques secondes dans la lumière du soir.
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L’ambiance est géniale malgré le vent qui souffle fort. Au détour d’une plaque de névé, dans la pente herbeuse qui se découvre derrière la crête sous la corniche, un chamois broute tranquillement. Sûrement à cause du vent, il ne m’a ni vu ni entendu. Accroupi pour rester caché derrière la crête, je peux l’observer une minute aux jumelles avant qu’il ne disparaisse dans la pente. Il a fini par me voir.

Le jour baisse vite et je décide donc de revenir au bivouac en récupérant le GR qui monte depuis le pas des écondus. La lumière est belle ; je sens que le plafond baisse.
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Je rejoins le bivouac en me repérant sur l’écran du téléphone/GPS, ce qui me rassure car l’orientation dans ce terrain ouvert sans beaucoup de repères peut rapidement devenir hésitante. Je passe tout de suite à la préparation du dîner et triche un peu dans mon exercice de bivouac : je m’installe à l’abri du chalet, profitant du banc en bois collé au mur.

A la fin du repas j’ai un peu froid et je décide donc d’aller faire une petite balade nocturne pour me réchauffer. Le ciel s’est dégagé, la demi-lune éclaire la montagne me permettant de me passer de frontale. Arrivé sur le petit dôme, c’est magique : le plateau s’étend à perte de vue et le Grand Veymont le domine, blanc, lumineux sous les étoiles.
Photo prise au SP "travaillée à l'ordi" car trop mauvaise
La nuit se passera très bien. Mon système de couches d’isolation fonctionne parfaitement ; je n’ai pas froid par-dessous. Le duvet Valandré -10°C qu’on m’a prêté est confortable mais pas si chaud que cela malgré une température qui restera tout juste positive pendant toute la nuit. J’ai commis l’erreur de le sortir dès l’installation du bivouac, alors que l’atmosphère était des plus humides. Je pense que cela fait perdre du gonflant au sac de couchage en duvet et l’a rendu moins efficace thermiquement.

Je me réveille tout seul vers 5h30 et décide de me lever. Je souhaite en effet aller skier plus loin sur le plateau et j’ai promis à mon épouse d’être rentré pour dîner. Je n’ai donc pas envie de m’attarder inutilement dans mon duvet.

Tout prend plus de temps en bivouac hivernal. Ma lampe frontale et mon autre lampe n’ont plus de jus (je ne l’avais pas mise dans le duvet). Je dois faire tout « en aveugle ».
Bivouac en lisière de forêt
Vers 8h30 je suis prêt, sauf que je suis bien trop habillé pour partir marcher. 15 mn de perdues en devant me déshabiller pour adopter la bonne tenue. C’est l’expérience qui rentre.

Il fait grand beau en ce dimanche matin. Seuls quelques nuages d’altitude font pâlir un peu le bleu du ciel. Je découvre le paysage caché par le brouillard la veille.
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La station du Col de Rousset sans neige. Le chalet à côté duquel j'ai bivouaqué
Le pas des écondus est rapidement atteint. Je me suis même permis de chausser pour 100 m de descente sur une section où la neige s’était accumulée. A la combe Male, par contre, je trouve la neige plus établie, bien dure, certes ; mais bien là, me permettant de chausser. Je repère un randonneur qui termine de boucler son sac, Il vient visiblement de bivouaquer dans cette belle prairie. Je le hèle de loin, et nous faisons les présentations. J’avais anticipé qu’il s’agissait très probablement de fblc, membre du forum qui avait posé des questions sur l’enneigement et avait exprimé ici son projet de partir sur les hauts-plateau en laissant les skis à la maison. Sympa la rencontre ! Nous partons dans la même direction, moi sur mes skis, lui sac au dos à pied. Dans la montée, nous restons au même niveau, moi à la recherche du meilleur cheminement sur la neige gelée, lui suivant tranquillement le GR. Dès que le terrain devient plat, je vais plus vite sur skis et nous ne nous verrons plus de la journée. La redescente sur Pré Peyret est amusante. Il faut choisir le bon cheminement pour éviter les cailloux et retarder au max le moment de déchausser. Lorsque je vois la cabane, plein Sud, c’est le moment. Je suis juste à côté de la glacière et le lapiaz qui me sépare de la cabane, plantée dans sa prairie sans un gramme de neige autour est infranchissable à ski. Seules les pentes ombragées alentours en ont encore.
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Je fais une pause, inspecte la cabane, discute avec une petite famille installée là pour 2 jours. Il y avait pas mal de monde hier soir mais ça n’était pas plein ; qu’est-ce que ça aurait été s’il y avait eu de bonnes conditions ! Mon intuition d’y venir avec une tente pour bivouaquer en cas d’affluence est fondée.

Après cette inspection, je repars skis sur le dos. Après quelques centaines de m dans un terrain karstique impossible à skier, je trouve de la neige dans les combes et je peux rechausser. Je suis parti pour une petite boucle en direction de la Jasse de Peyre Rouge puis de la carrière romaine où je pique-niquerai, tenté de pousser jusqu’aux Bachassons (mais pas le temps), avant de revenir.
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Au loi, les 3 becs
Je garderai les skis jusqu’à mon retour à Pré Peyret, soit un peu plus de 4 km de skis sans déchaussage. Je les remettrai assez vite pour terminer mon épisode à skis à la combe Male, où je les avais mis le matin. Au final, je n’ai déchaussé que 2 fois, marché à peine 1 km sur 12 parcourus. Sans compter bien sûr l’aller/retour jusqu’à la combe Male.

J’ai beaucoup apprécié les paysages sauvages des Hauts plateaux que j’avais découverts lors d’une traversée du Vercors à ski en 1 jour dans ma jeunesse et de quelques randos l’été. Ce retour « printanier » a renforcé mon désir d’y revenir dès que possible pour une traversée d’au moins 2 jours depuis le Col de Rousset et si possible l’intégrale depuis Combeau.
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Une fois récupéré mon matériel caché dans le bois, la redescente jusqu’au parking avec la pulka n’était pas très rapide mais elle s’est bien passée. Je reste très surpris que mon attelage n’ait pas subi de dommages, à part la perte d’un écrou, tant le terrain était caillouteux.
Redescente cahin-caha avec la luge sur roues
Ce (trop) court weekend m’a donné l’occasion d’atteindre les objectifs que je m’étais fixés : valider avant la saison prochaine et de futurs projets d’itinérance en terrain nordique ma solution de couchage/isolation et le système d’arrimage dans la neige de ma « nouvelle » tente. Par-dessus le marché, j’ai aussi vérifié que ma pulka peut être tractée lors d’une approche sur route forestière et même chemin 4x4 dégarni de neige, tant que ça ne dure pas trop longtemps (car on ne va pas très vite) et surtout, qu’une fois la neige atteinte, les passages sans neige restent sporadiques. Avec l’évolution des conditions nivologiques, ça n’est pas complètement inutile.

Météo

Température positive le week-end (regel nocturne en hauteur). Brouillard et vent fort sur les crêtes Sud du plateau à la sation de Rousset le samedi. Beau temps avec ciel partiellement voilé le dimanche. 5°C au départ à 16h à Beure.

Condition de neige

Pas de neige avant la combe Male. Le Pré Peyret  était en herbe. La neige est d'abord très dure (regel nocture après plusieurs transformations) puis neige transformée au soleil.

Activité avalancheuse observée

RAS

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