Récit d'une randonnée norvégienne... Norvège > Norvège du Sud > Hardangervidda

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Durée : Plus de 4 jours

Difficulté : Moyenne

Pulka : non accessible

L’hiver paraît loin ? Pourtant Pâques, c’était tout juste il y a quelques semaines…
A cette occasion Marie Rose et Almar ont encore abusé de quelques jours de congés pour filer dans le massif du Hardangervidda…
Ce n’est pas la première fois qu’ils quittent la Suisse pour faire cap au nord… Sauf que cette fois-ci, Almar nous raconte tout dans les moindres détails…

 

Départ de Nyon en Suisse le 9 avril à 11h pour l’aéroport, avec le carrosse d’un copain.

 

11h35 - nous enregistront, exactement 40 kilos pour les deux pulkas et les skis.
13h20 - on décolle. Le temps est très beau sur toute l’Europe. A l’arrivée à Oslo, quelques nuages couvrent le ciel.
On a 3 heures à tuer pour la correspondance de Bergen : c’est un peu le prix à payer avec les compagnies bon marché. Décollage à 19h. Le beau temps est enfin là. La neige recouvre tout le pays. Après 45 minutes dans l’avion, on survole Bergen. Ensuite nous prenons le Flybuss (bus aéroport – Bergen) pendant une petite heure pour se rendre à l’appartement de Geirmund. Avec les pulkas dans le dos, c’est lourd !
En ce jeudi soir d’avant Pâques il me semble que Bergen fait « très ville morte ». Confirmation le lendemain matin, c’est aussi férié le jeudi, mais le service de bus fonctionne toute l’année, ça c’est super fiable.

Le 10 avril à 11h30 nous sommes dans le bus pour Norheimsund, ouf !
13h : nous voilà dans notre camp de base flottant que nous avons facilement trouvé. On déjeune avec les stocks de déposé l’an dernier et le pain bienvenu de Geirmund !

Camp-de-base.jpg

Le 11 avril : Middalsbu, notre premier refuge est à 64 kilomètres à vol d’oiseau de notre basecamp. Il nous faudra 3h de bus, 1h de ferry et plus de 6h sur les skis pour y arriver, c’est ça la Norvège !
A Røldal le chauffeur de bus nous dépose 3 km plus loin et il s’arrête sur le bas coté en nous indiquant « Middalsbu this way ! » Après 1 km de portage on décide de mettre les skis mais quel fart utiliser ? Il fait chaud (8°C) et le vent du sud souffle fort. Nous mettons du Klister universel pour commencer, mais ce n’est pas le pied. On s’arrête pour manger (merci à notre ami pour le bon pain laissé dans l’appartement) et moi j’opte pour mettre les peaux car la montée grimpe fort. On arrive en haut du barrage et là ça se corse, la piste plonge derrière le barrage 50 m plus. Des panneaux d’avertissement signalent, seulement en norvégien, que le passage est impraticable. On se rabat alors sur la route qui longe les bords du lac.

Beau-grand-lac.jpg

Seulement, la route est obstruée par des grosses coulées de neige et c’est assez casse gueule.
On décide de porter les pulkas sur le dos sans démonter les timons pour passer cette succession de coulées. Il y en a bien pour une vingtaine de minutes ça ne va pas vite ! Vers 17 heures, il commence à pleuvoir, ça mouille bien, mais c’est plus simple quand ça vient de derrière !
Depuis la route, on surplombe la piste qui est tracée sur le lac, rectiligne avec ses tubes en PVC orange (je pense qu’ils les récupèrent par flottage au printemps). Nous, on se prend tous les contours du terrain et c’est bien plus long !
19h30 : on arrive à la cabane de Middalsbu (16 km - 6 heures). On reste dans la grande baraque qui n’est pas si vaste pour nous deux mais qui est pourtant prévue pour 20 personnes. On allume le fourneau sans papier mais en épluchant la bûche de bouleau. Le feu prend tout de suite, c’est impressionnant ! (Eh oui, même à 53 ans on apprend encore des choses !)

On sèche et étale toutes nos affaires dans la pièce. Je me demande comment nous ferions si nous étions 20 personnes à faire la même chose !
On a bien chaud toute la nuit. Le système de cabane en self service est extraordinaire.

Le 12 avril : Dimanche de Pâques - 9h30, on se met en route. On a gardé les peaux, il pleut et ce n’est pas la joie au départ mais heureusement le chemin est piqueté. On croise 5 personnes parties de Litlos très tôt ce matin. Ils prennent un bus cet après-midi et c’est encore loin pour eux. On s’arrête pour manger et la pluie redouble d’intensité. La visibilité porte à 25m et le plafond nuageux est parterre ! Il bruine et on est vent arrière c’est le seul point positif.
A 2km de l’arrivée on boit un café sous la neige, c’est beaucoup mieux que la pluie !

16h20 - Litlos (21km - 7h). Il fait bon chaud, une très gentille demoiselle nous renseigne et nous indique notre numéro de chambre. On prend une bonne douche et on sèche tout dans la Torkroom (pièce pour faire sécher les vêtements). Le repas est prévu à 18h et nous sommes 4 ce soir dans le refuge. Dimanche dernier ils étaient 150 et le lieu est prévu pour 50 personnes.
Je ne regrette pas d’avoir décalé notre voyage par rapport aux vacances de Pâques des norvégiens !
Au menu : 2 canapés de truites fumées péché dans le lac de Litlos, boulettes de renne de derrière le chalet et mousse avec confiture de multer (mûres arctiques jaune) : que des produit locaux !
Depuis 18h le soleil est de la partie mais il neigeote toujours un peu.

Le 13 avril : Lundi de Pâques, les matins ne se ressemblent pas. On est réveillé par le soleil dans la chambre. P’tit déj à 8h, on ne force pas sur les maquereaux à la tomate ni sur les « Rollmops »
On décolle à 9h20. Je rajoute un peu de klister universel sous mes semelles. Ca croche super bien sur la neige gelée qui est recouverte d’un petit centimètre de neige fraîche. Petite montée puis on peut enfin s’essayer à la descente (sous le soleil). C’est le pied, parcours très « Up and Down » !

Elle-suit-bien-la-Pulka.jpg

La pause de midi au soleil est très agréable : on ne se rappelait même plus que ça pouvait exister !

16h30 : Sandhaug (23km - 7h30) On est 7 ce soir dans le refuge bien tout et pour tout.

Le 14 avril : 9h30 - le plafond est très bas. C’est un peu le jour blanc, ça avance bien car l’étape très plate.
On arrive à Rauhellern vers 16h30 (24km - 7h). Nouvelle cabane « self-service » très jolie. 4 scottishs et 4 norsks sont à l’intérieur. C’est un peu le souk pour se préparer à manger surtout que 3 autres scottishs sont arrivés avec 2 pulkas très chargées. Ils montent leur tente sous la fenêtre de la cabane, profitent de mettre tout leur bordel dans la cabane, piquent l’eau chaude et se prennent pour des vedettes.
Ils mangent leur nourriture lyophilisée à même le sac et le comble de tout est qu’ils sortent du rosé en cubi ! Ils peuvent bien se plaindre que leurs pulkas sont lourdes…

Le 15 avril : La glisse est super bonne et il fait beau et chaud. Pas de veste ni de gants à porter ! Le temps se couvre vers 10h mais on a toujours l’impression qu’il fait « penn vear »A midi les 2/3 du trajet sont fait. On lunche sans les vestes car il n’y a pas un souffle de vent. On croise 2 skieurs dans la journée, c’est le désert .On reste sur la trace car la neige est par endroit pourrie.

On arrive à Tuva vers 15h30 (24 km –7h). Nous sommes les seuls ce soir dans ce chalet privé. L’accueil est très bon. Le couple de tenancier nous donne une très jolie chambre. Tout s tout est joli dans ce refuge !

Chambre-Tuva.jpg

La table est juste dressée pour nous deux. Le patron nous sert une grosse assiette de choux farcis (pas tout à fait comme chez nous) et un sublime dessert (une grosse tranche de flan sauce caramel le tout recouvert de chantilly - trop bon !)

Le 16 avril : une table de p’tit déj juste pour nous sans « fish ». Les proprios sont aux petits oignons et c’est très agréable. Profitons-en !
On démarre à 9h, Les deux premiers kilomètres sont agréables. On bifurque et la galère commence avec de la neige pourrie sur 3 km quand soudain nos sauveurs arrivent devant !
4 moto- neiges font la trace ! A ce moment je les bénis car ils ont bien tassé cette neige pourrie et c’est de nouveau très praticable mais seulement sur leur passage !
En traversant la route, on croise un chauffeur de camion avec le portable collé sur l’oreille. On lunche sur le lac bien et on essaye de téléphoner avec le portable. Il capte et on envoie des SMS comme des gamins !

Mat-paquette.jpg

On voulait aller jusqu'à Kjeldebu mais à 1 km de Kraekkja, il commence à pleuvoir. La décision de nous arrêter là est vite prise, mais je regrette d’avoir cédé à la facilité !
Pas de séchage de vêtement au programme, les pieds sont déjà sous la table - enfin le confort quoi !

19km - 5h40. Le gérant de Kraekjka est le même depuis des années. Il est toujours « aussi bourru ». Il nous envoie au dortoir et sonne le coup de gong pour le souper. Ii fait du zèle en nous donnant de la mousse désinfectante pour les mains à l’entrée de la salle à manger. Le service est nul et c’est l’apothéose pour le dessert car la cuisinière a prévu pour 8 alors que nous sommes 32 ! Ce n'est pas compliqué comme 32 est un multiple de 8, elle coupe le désert en part égales ! Résultat : un carré de semoule de 3cm sur 4cm avec un sirop dilué… Une vraie arnaque !
On ne va pas s’étendre sur ce sombre personnage, on le connaît (pour être venu trois fois dans ce refuge) et beaucoup de monde pensent pareil sans le dire…On est bien tranquille dans notre dortoir. On est 4 avec un irlandais et sa copine allemande vivant depuis 8 ans en Norvège et parlant français.

Le 17 avril : on déjeune tôt à Kraekkja pour rejoindre Finse car c’est une grosse étape.

Matin-Kraekkja.jpg

L’essentiel est sur le buffet, la matrone nous surveille derrière son hublot. On se met en route les premiers vers 8h20. Le fart universel va toujours bien mais ce matin il fait moins 6°C et il s’use très vite. Le soleil est un peu voilé mais ça va se dégager et on peut dire que c’est « penn vaer ».
A midi, on rencontre un grand-père et sa petite fille de 22 ans. On blague pendant 20 minutes. Ils essayent les pulkas et trouvent que le système pas mal. On s’arrête pour luncher et en consultant la carte, on décide de monter sur le Jokulen par un passage que l’on pense possible.
Après avoir mis les peaux, on s’élève vite et nous sommes enfin seuls au monde !
Je dévie de la trajectoire et on s’engueule un peu, mais à la fin du compte on passe exactement où nous avions dit en contrôlant l’altimètre sur le GPS. Le glacier est bien bouché. On laisse un peu de distance entre nous. On aperçoit enfin la petite cabane du HardangerJokulen posée au loin sur des cailloux.

Pause café et dernière plaque de chocolat dans le refuge où on note notre passage, sur le même livre on y découvre notre précédent passage en 2006.
On prépare les pulkas pour la descente avec les stabilisateurs et les couteaux. Nous descendons par la trace de montée. C’est fabuleux comme les pulkas suivent bien sur cette neige dure. Les couteaux mordent bien la neige, c’est du pur plaisir et la glisse est extraordinaire.

Descente-du-Jokulen.jpg

Je me prends une gamelle dans un secteur plutôt pourri sur le bas. Un trou énorme !

Trou-consequent-Alain.jpg

On arrive à la cabane de Finse à 18h (28km en 9h) On devra attendre le service de 21 heures pour manger. Entre temps les trains arrivent et déchargent leur lot de skieurs. C’est impressionnant car nous sommes au moins 200 personnes ce soir. Pour les derniers arrivés, le couchage sera constitué d’un simple matelas posé dans le grand salon !
L’organisation est géniale pour gérer tout ce monde.
On est 30 dans le dortoir mais nous passons une superbe nuit ! Sans ronflements et pourtant, je ne suis pas le dernier dans ce sport là !

Le 18 avril, notre train est à 13h. On en profite pour laisser les pulkas à la gare. On se fait une dernière montée juste en haut du tire-fesses. C’est plus ça quand on sait que le raid est fini. Il nous manque du jus et pourtant on a bien déjeuné, mais c’est comme ça !
On aperçoit 3 pulkas qui traversent le lac. La descente est très bonne et on traverse les voies du train pour aller tout paqueter. Les trois pulkistes parlent français. Je ne résiste pas d’engager la conversation. C’est Tibo et les autres, ils viennent de faire la traversée nord sud de Lom à Finse en autonomie complète : bravo les gars !

Tibo-et-les-Autres.jpg

Notre bilan :
155km en 7 jours, soit 34h de déplacement et 14h30 de pause (presque la moitié !).
Météo : 2 jours de grand soleil, 1 jour et 2 demie de pluie, 1 jour presque parfait et deux jours mezzo ! Pas de tempête, seulement un fort vent arrière le premier jour.

Équipement : Marie-Rose avait ses Fischer E99 à fart et des peaux de 35 Mm. Moi, j’ai pris des Fischer Sbound écailles et j’ai opté pour des peaux taillées au cutter : pas mal !


Crédits texte & photos : Almar

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